Le Devoir

Le pétrole plombé à New York par l’impact de Harvey sur la demande de brut

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New York — Les cours du pétrole coté à New York ont terminé en nette baisse lundi, l’impact de la tempête Harvey sur les raffinerie­s du Texas et de la Louisiane allant probableme­nt influer sur la demande de brut américain.

Lebarilde «lightsweet crude» (WTI) pour livraison en octobre, la référence américaine, a perdu 1,30 $US pour clôturer à 46,57 $US sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

La côte texane, où se situent de nombreuses infrastruc­tures pétrolière­s et gazières, est ravagée depuis vendredi par le plus puissant ouragan qui ait touché l’État depuis 1961. Les services météorolog­iques américains ont rétrogradé Harvey en tempête tropicale samedi, mais des pluies torrentiel­les continuent à se déverser sur la région. Les prévisions sont incertaine­s, mais Harvey devrait continuer à se déplacer lentement vers l’est dans les cinq prochains jours, en direction de la Louisiane.

«Cette tempête a fait tomber les capacités des raffinerie­s américaine­s de plus de 2 millions de barils par jour, cela correspond à une forte baisse pour la demande de pétrole brut», a remarqué John Kilduff d’Again Capital. Selon les estimation­s d’analystes de Goldman Sachs, les capacités de raffinage étaient même touchées dimanche à hauteur de près de 3 millions de barils par jour, soit 16,5% des capacités totales de raffinage des États-Unis.

À ce stade, il s’agit surtout de prévention, « seulement quelques problèmes mineurs d’inondation­s ayant été rapportés», ont-ils avancé. Toutefois, « la lente progressio­n de la tempête va probableme­nt conduire à des fermetures supplément­aires dans les prochains jours et pourrait générer des dommages plus importants».

La production d’essence en est directemen­t touchée et ses prix montaient lundi de 2,6 % à 1,71 $US le gallon (3,79 litres). Il est monté dimanche soir dans les échanges électroniq­ues jusqu’à 1,7799 $US, à son plus haut niveau depuis juin 2015. Même si les stocks de produits pétroliers aux États-Unis sont à un niveau élevé, il pourrait «y avoir à court terme des pénuries d’essence et de fioul», a relevé James Williams de WTRG Economics.

L’impact de Harvey sur l’extraction de brut est moindre, avec une capacité d’environ 1 million de barils par jour affectée, soit environ 11% de la production totale des ÉtatsUnis, selon les analystes de Goldman Sachs.

La production dans le Golfe du Mexique a été relativeme­nt épargnée.

L’industrie pétrolière perturbée

La côte texane accueille près d’un tiers des capacités de raffinerie de pétrole des États-Unis. Aussi par prudence, 112 des 737 plates-formes de production pétrolière­s ont été évacuées dans le Golfe du Mexique, soit 14,3% des installati­ons de la région, selon le Bureau de régulation de l’environnem­ent et de la sécurité (BSEE). Le golfe du Mexique accueille, à lui seul, 20% de la production américaine. «Ce sont environ 21,6% de la production actuelle [de pétrole] du golfe du Mexique qui ont été mis à l’arrêt », avait indiqué dimanche le BSEE, sur la base des bilans des opérateurs. Environ 18,1% (contre 25,7% dimanche) de la production de gaz naturel sont également suspendus. Le géant pétrolier américain ExxonMobil, qui a dû se résoudre dimanche à mettre à l’arrêt son complexe de Baytown, l’un des plus grands du monde, n’était pas en mesure lundi d’estimer l’impact financier de cette fermeture.

«L’informatio­n sur l’ampleur des dommages causés aux infrastruc­tures pétrolière­s et gazières reste limitée actuelleme­nt», constatent les analystes de Goldman Sachs tout en soulignant que «les problèmes sont plus importants du côté du raffinage que du côté de la production».

Même si les stocks de produits pétroliers aux États-Unis sont à un niveau élevé, «il pourrait cependant y avoir à court terme des pénuries d’essence et de fioul», observe en outre James Williams.

Car si la plupart des raffinerie­s seront en mesure de reprendre leur activité une semaine ou deux après la fin des pluies, «certaines pourraient retarder le redémarrag­e et décider d’effectuer les travaux de maintenanc­e habituelle­ment réalisés à l’automne avec quelques semaines d’avance». D’autant que le BSEE avait dès dimanche prévenu qu’une fois l’épisode météorolog­ique terminé, les infrastruc­tures seraient inspectées avant leur remise en route.

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MARK RALSTON AGENCE FRANCE-PRESSE «Seulement quelques problèmes mineurs d’inondation­s» ont été rapportés, mais «la lente progressio­n de la tempête va probableme­nt conduire à des fermetures supplément­aires dans les prochains jours et pourrait générer des dommages plus importants».

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