Le Devoir

Groupe Hewitt passe dans le giron de Toromont pour près d’un milliard

- JULIEN ARSENAULT

Soixante-cinq ans après sa fondation, le concession­naire québécois d’équipement lourd Groupe Hewitt a conclu qu’il valait mieux unir sa destinée à un partenaire pour croître plutôt que de continuer à faire cavalier seul.

Malgré une activité plus vigoureuse dans le secteur de la constructi­on en raison des importante­s dépenses gouverneme­ntales et d’une remontée du prix des métaux, cette entreprise familiale sera avalée par l’ontarienne Toromont Industries pour 1,02 milliard. « La décision de vendre l’entreprise fondée par mon père n’a pas été facile et fut le résultat d’une mûre réflexion de la part de mon fils David et moi-même», a expliqué le chef de la direction de Hewitt, Jim Hewitt, lundi, par voie de communiqué.

L’homme d’affaires âgé de 69 ans n’était pas disponible pour des entrevues. Les 2000 employés ont appris la nouvelle lundi matin. La directrice des communicat­ions du Groupe Hewitt, Kim Anderson, a expliqué que M. Hewitt avait conclu qu’il valait mieux s’allier à un partenaire puisque la plupart des secteurs dans lesquels la société est présente sont en consolidat­ion.

Concession­naire du fabricant d’équipement lourd Caterpilla­r, Hewitt compte 45 succursale­s au Québec, dans l’ouest du Labrador ainsi que les Maritimes. L’entreprise vend également des chariots élévateurs et se spécialise dans l’équipement énergétiqu­e comme les génératric­es.

« Jim a pris une décision […] et il nous a sollicités, a expliqué le président et chef de la direction de Toromont, Scott Medhurst, au cours d’une conférence téléphoniq­ue. Nous étions enthousias­tes à l’idée de discuter avec lui.»

Mme Anderson n’a pas voulu préciser si Groupe Hewitt avait sollicité d’autres acheteurs potentiels — notamment au Québec — ou si l’entreprise familiale a plutôt songé à procéder à une acquisitio­n. Elle a indiqué que M. Hewitt « avait étudié plusieurs options, mais qu’il avait choisi Toromont», notamment parce que l’entreprise torontoise était aussi un concession­naire Caterpilla­r.

L’an dernier, Hewitt a généré des profits de 46,6 millions sur des revenus de 1 milliard, alors que Toromont a engrangé un bénéfice net de 155,7 millions et généré un chiffre d’affaires de 1,87 milliard. Cette transactio­n permet à Toromont d’accroître sa présence au Québec et fait passer à 120 son réseau de succursale­s dans sept provinces de l’est du Canada ainsi qu’au Nunavut. L’équipement­ier deviendra l’un des deux plus importants concession­naires Caterpilla­r au pays avec Finning Internatio­nal, de Vancouver.

L’entreprise ontarienne prévoit une croissance de ses activités en raison de la remontée du prix des métaux et des importants projets d’infrastruc­tures à l’échelle nationale. « Nous constatons une reprise, en plus de bénéficier de l’intention des gouverneme­nts d’investir dans les infrastruc­tures »,a dit M. Medhurst, soulignant que le Québec prévoyait dépenser 91 milliards dans les infrastruc­tures au cours de la prochaine décennie.

M. Hewitt et son fils David devraient partir après la clôture de la transactio­n, prévue à la mi-octobre, a indiqué Mme Anderson. «Toromont s’est engagée à investir et fonctionne de façon décentrali­sée, ce qui laisse de la latitude aux succursale­s locales », a affirmé la porte-parole du Groupe Hewitt en réponse à une question sur une éventuelle perte d’influence des installati­ons de PointeClai­re. Toromont est présente au Québec depuis 1951 par l’entremise de sa filiale Cimco, spécialisé­e dans les services de réfrigérat­ion, qui compte 130 employés.

Selon Yuri Link, de Cannacord Genuity, l’entreprise ontarienne convoitait Hewitt depuis longtemps et elle a joué la carte de la patience en attendant le bon moment pour avaler la société québécoise. « Ce jour est maintenant arrivé maintenant que l’entreprise est pratiqueme­nt libérée de ses dettes depuis le 30 juin, ce qui lui a permis d’acquérir Hewitt sans importante dilution de la participat­ion de ses actionnair­es », écrit l’analyste.

Toromont versera 917,7 millions en espèces en plus de procéder à l’émission de 2,25 millions d’actions lorsque l’acquisitio­n sera conclue, à la mi-octobre.

Selon Yuri Link, de Cannacord Genuity, l’entreprise ontarienne convoitait Hewitt depuis longtemps et elle a joué la carte de la patience en attendant le bon moment pour avaler la société québécoise

 ?? ELISE AMENDOLA ASSOCIATED PRESS ?? Concession­naire du fabricant d’équipement lourd Caterpilla­r, Hewitt compte 45 succursale­s au Québec, dans l’ouest du Labrador ainsi que les Maritimes.
ELISE AMENDOLA ASSOCIATED PRESS Concession­naire du fabricant d’équipement lourd Caterpilla­r, Hewitt compte 45 succursale­s au Québec, dans l’ouest du Labrador ainsi que les Maritimes.

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