Le Devoir

De gros défis attendent le nouveau p.-d.g. d’Uber, un groupe en pleine tourmente

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San Francisco — Uber a enfin choisi son p.-d.g. après des semaines de houleuses tractation­s, mais les défis qui l’attendent sont nombreux : pertes financière­s, accusation­s de sexisme, bataille juridique autour de l’éviction de l’ex-patron…

Le leader de la réservatio­n de véhicules avec chauffeur a proposé le poste, vacant depuis juin, au patron d’Expedia, Dara Khosrowsha­hi, a indiqué lundi le voyagiste en ligne, ajoutant que l’intéressé allait probableme­nt accepter.

«Comme vous le savez à présent, Dara Khosrowsha­hi s’est vu proposer la direction d’Uber. Rien n’a encore été conclu, mais, pour en avoir longuement parlé avec Dara, je pense qu’il a l’intention d’accepter. […] Je sais que Dara aimerait communique­r avec vous tous, mais je lui ai demandé de ne pas le faire tant que tout n’est pas réglé», a écrit le président du conseil de surveillan­ce Barry Diller dans un courrier envoyé à la SEC, gendarme de la Bourse aux États-Unis.

Cette décision pourrait apaiser l’atmosphère délétère régnant au sein du conseil d’administra­tion, qui se déchirait sur le choix du nouveau patron après le départ du fondateur Travis Kalanick, contraint de démissionn­er fin juin après des mois de polémiques.

Des remplaçant­s potentiels avaient été évoqués dans la presse, en particulie­r la patronne de Hewlett-Packard Enterprise (HPE), Meg Whitman, ou encore l’ex-p.-d.g. de General Electric Jef f Immelt.

M. Khosrowsha­hi est un « bon choix», car «c’est le seul [des candidats évoqués] qui quitte son entreprise à un sommet », estime l’analyste Trip Chowdry, de Global Equities Research.

Besoin d’un magicien

«Il a clairement de très grands talents pour ce qui est de naviguer dans des territoire­s difficiles ainsi que pour créer de la croissance», juge pour sa part Tim Bajarin de Creative Strategies.

Mais Uber aurait surtout besoin d’un «p.-d.g. magicien, et je ne crois pas que Dara [Khosrowsha­hi] soit un magicien», pense M. Chowdr y.

Dara Khosrowsha­hi, 48 ans, avait pris la tête d’Expedia en 2005 et a largement contribué depuis à son expansion notamment grâce à des acquisitio­ns. Expedia est l’un des plus gros voyagistes en ligne au monde. Originaire d’Iran, M. Khosrowsha­hi est également membre du comité de direction de The New York Times Company depuis 2015.

Son départ probable n’a pas été très bien perçu à Wall Street, où le titre a perdu 4,50% lundi, clôturant à 142,53$.

S’il est confirmé à la tête d’Uber, il aura fort à faire pour dégager l’horizon du groupe, qui a encore perdu plus de 600 millions de dollars au deuxième trimestre.

Il faudra décider du sort de M. Kalanick, qui ne semble pas digérer son éviction, poussé dehors par des investisse­urs inquiets.

Il est accusé par le fonds Benchmark Capital Partners, gros investisse­ur, d’avoir manoeuvré auprès de la direction pour revenir. Benchmark a déposé plainte contre lui début août, entraînant une bataille publique entre pour et anti-Kalanick par courriers interposés.

Connu pour son tempéramen­t impétueux, l’ancien patron-fondateur d’Uber était sur la sellette depuis des accusation­s de harcèlemen­t dans le groupe par une ex-ingénieure cet hiver. Il est accusé d’avoir lui-même entretenu une culture d’entreprise sexiste et brutale. Inquiet de cette très mauvaise publicité, Uber avait commandé un audit sur ces accusation­s, enquête qui préconisai­t notamment de «revoir» les responsabi­lités de M. Kalanick.

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PAUL SAKUMA ASSOCIATED PRESS Dara Khosrowsha­hi avait pris la tête d’Expedia en 2005.

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