Culture Montréal veut voir au-delà de Coderre
Voir au-delà de Denis Coderre: c’est ce que l’organisme Culture Montréal tentera de faire au cours de la prochaine campagne électorale municipale, en interpellant directement les candidats aux mairies d’arrondissement. Eux aussi peuvent agir pour la culture, rappelle-t-on.
«On veut s’intéresser au local, indique Valérie Beaulieu, directrice générale de Culture Montréal. Montrer aux maires d’arrondissement qu’ils ont des leviers qu’ils peuvent actionner. » La présidente de l’organisme, Liza Frulla, ajoute qu’«il faut s’occuper dès maintenant de l’après-375e. Il faut qu’il soit aussi excitant, oui, mais de façon différente — et ça passera notamment par les mairies d’arrondissement».
Comme à chaque campagne depuis 2005, l’organisme a choisi de publier en amont une sorte de plateforme électorale qu’elle souhaite voir adopter par les candidats à la mairie de Montréal. «La Ville a adopté dans l’anonymat, en juin, sa Politique de développement culturel 2017-2022, a rappelé Mme Frulla. À partir de là, ça prend un plan d’action, et c’est ce qu’on propose. »
Le document de l’organisme dévoilé lundi énonce 26 propositions pour « poursuivre le déploiement de Montréal comme métropole [culturelle] inclusive, créative et durable». Parmi les propositions, on note des appels pour que Montréal finalise des dossiers qui traînent : l’ambassade culturelle autochtone que serait DestiNATIONS, « dont on parle depuis 10 ans », dit Mme Beaulieu; la revitalisation de la bibliothèque Saint-Sulpice; la réouverture du théâtre de Verdure.
Culture Montréal (CM) réitère aussi l’importance de continuer d’augmenter le budget du Conseil des arts de Montréal. On souhaite autrement des engagements à accélérer le développement des quartiers culturels, à penser les «nuits montréalaises» plus largement qu’autour de la seule idée de garder les bars ouverts jusqu’à 6 h du matin, ou à mieux soutenir les organismes en patrimoine ou en histoire.
CM aimerait également une aide fiscale aux ateliers d’artistes (une problématique que le regroupement Pied carré a soulevé en mai dernier), la création d’un centre consacré à la pratique artistique amatrice, des mesures pour augmenter la fréquentation des bibliothèques montréalaises, un plan d’action pour renforcer «la personnalité de Montréal comme premier centre de la francophonie en Amérique », etc. L’organisme estime qu’il s’agit « d’idées concrètes réalisables et mesurables».
Financement
Selon Valérie Beaulieu et Liza Frulla, toutes les mesures souhaitées par Culture Montréal pourraient se financer par les taxes municipales. «On sait qu’on ne peut pas demander la lune », dit Mme Frulla, qui a été ministre de la Culture à Québec et à Ottawa.
Mais au cas où les candidats à la mairie lui diraient que c’est déjà trop, elle remet sur la table une idée avancée par Culture Montréal lors de la campagne 2013: celle de taxer les panneaux d’affichage, comme Toronto et Vancouver le font, et d’offrir les recettes de cette taxe au milieu culturel. « Il y a une source de financement [additionnelle] là.»
Interrogées sur la performance de l’administration Coderre en matière de culture, les deux dirigeantes de Culture Montréal n’ont formulé aucune critique. Liza Frulla a mentionné que M. Coderre avait assuré un « financement constant et soutenu du Conseil des arts de Montréal».
Valérie Beaulieu a pour sa part rappelé que le mandat actuel, entamé dans un contexte politique trouble, a été marqué par les célébrations du 375e anniversaire de Montréal. « Moi, je suis surtout intéressée de voir ce que sera la post-375e, ajoutet-elle. Voir quelles suites il y aura, et de quelle façon on va interpeller la culture.»
Culture Montréal organisera une soirée de discussion (on refuse de parler de débat) entre les candidats à la mairie durant la campagne.