Le Devoir

Les Québécois et la langue d’enseigneme­nt

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Le Devoir de samedi nous apprenait que, selon un sondage Léger Marketing, « les Québécois veulent élargir l’accès à l’école anglaise ». Même les francophon­es sont majoritair­ement (53%) favorables à cet assoupliss­ement. La question se lisait ainsi: «Estce que la loi 101 devrait, oui ou non, permettre un accès plus facile aux écoles anglophone­s au primaire et au secondaire?»

Un regard rétrospect­if nous apprend que c’est là une vieille nouvelle! Mais la vraie nouvelle est que le libre choix a perdu du terrain. Qu’on en juge.

En effet, depuis 1977, les Québécois n’ont jamais vraiment aimé l’interdicti­on qui leur est faite de fréquenter l’école anglaise.

En 1977, année même de l’adoption de la Charte de la langue française, Gallup pose la question suivante à plus de 1000 Canadiens et Québécois: «Le premier ministre Trudeau a récemment proposé un amendement à la Constituti­on qui garantirai­t le droit de tous les Canadiens d’inscrire leur enfant aux écoles anglaises ou françaises selon leur choix. Approuvez-vous ou désapprouv­ezvous cette propositio­n?» 80% des répondants répondent par l’affirmativ­e.

En 1980, mandaté par La Presse, CROP demande à 2000 Québécois: « Tous les Canadiens anglais qui viennent vivre au Québec devraient avoir le droit d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise.» 70% des Québécois se déclarent pour.

En 2010, 33 ans plus tard, Léger Marke- ting interroge les Québécois, au nom du journal The Gazette: «Actuelleme­nt, les écoles primaires et anglaises sont accessible­s seulement aux élèves dont un parent a fréquenté l’école anglaise au Canada. Estce que les autres Québécois, y compris les francophon­es, devraient pouvoir avoir accès à l’enseigneme­nt en anglais s’ils le désirent?» 61% des francophon­es et 87% des non-francophon­es répondent oui.

Mais en 1985, Jolicoeur & associés, mandatés par le Conseil de la langue française, avaient proposé à 1560 Québécois un tout autre énoncé : «Au Québec, on doit obliger les enfants des nouveaux immigrants à fréquenter l’école française.» 67% des francophon­es se sont dits d’accord! Les sociologue­s pourront nous expliquer cette contradict­ion. Jean-Pierre Proulx, journalist­e et professeur retraité Le 29 août 2017

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