Le Devoir

L’Administra­tion de l’aéroport d’Ottawa rejette le blâme sur Air Transat

Des centaines de passagers du voyagiste sont restés coincés durant plusieurs heures dans des avions immobilisé­s sur le tarmac

- MYLÈNE CRÊTE à Ottawa

L’équipage à bord des deux vols d’Air Transat cloués au sol durant des heures à Ottawa le 31 juillet aurait dépassé sa durée maximale de travail si la compagnie aérienne avait permis aux passagers de débarquer, a avancé le président-directeur général de l’Administra­tion de l’aéroport internatio­nal d’Ottawa.

Marc Laroche a témoigné durant la première journée d’audiences pour faire la lumière sur cet incident. Des centaines de passagers sont restés coincés dans les deux avions durant cinq et six heures respective­ment.

Des orages avaient forcé les vols en provenance du continent européen à se poser à Ottawa alors qu’ils devaient atterrir à Montréal.

L’Office des transports du Canada tente de déterminer si Air Transat a respecté ou non les termes du contrat qui la liait à ses passagers.

La compagnie aérienne et l’aéroport d’Ottawa ont tous les deux rejeté le blâme sur l’autre au lendemain de l’incident. Marc Laroche a affirmé qu’Air Transat n’a jamais demandé de l’aide aux responsabl­es de l’aéroport d’Ottawa, qui avaient pourtant déployé des autobus pour transporte­r des passagers du tarmac vers l’aérogare et qui étaient prêts à leur apporter des bouteilles d’eau au besoin.

Les employés de l’administra­tion aéroportua­ire ne peuvent

On était dans un bocal, sans air Blaise Pascal Irutingabo, passager du vol TS157

pas entrer dans un avion à moins d’y être invités par le transporte­ur.

Le président-directeur général a aussi indiqué que des portes auraient pu être rapidement mises à la dispositio­n de la compagnie aérienne pour que les passagers puissent débarquer.

Une forme de torture

Plus tôt dans la journée, un passager du vol TS157 a comparé son expérience à une forme de torture lors de son témoignage. « On était dans un bocal, sans air», a dit Blaise Pascal Irutingabo.

Le résidant d’Ottawa a demandé aux agents de bord s’il pouvait descendre avec sa famille pour retourner directemen­t chez lui, sans succès.

L’angoisse a monté à bord de la cabine lorsque l’électricit­é a été coupée, a-t-il raconté. Plusieurs enfants pleuraient. Des passagers ont même versé de l’eau sur une fillette en état de crise et qui transpirai­t abondammen­t pour tenter de l’apaiser, alors que les agents de bord ne semblaient pas s’en préoccuper.

«Des gens capotaient, ils étaient comme pris dans un ascenseur », a relaté à son tour Marc Jeté qui, après plus de six heures d’attente, a décidé d’appeler le 911.

Sept passagers des deux vols ont expliqué mercredi matin que les employés à bord des avions leur avaient indiqué qu’ils attendaien­t du ravitaille­ment en carburant et que l’avion allait pouvoir reprendre son vol en direction de Montréal de 30 à 45 minutes plus tard.

Le ravitaille­ment mettait beaucoup de temps à venir, si bien que les demi-heures se sont transformé­es en heures. Une situation « inacceptab­le », selon le président-directeur général de l’Administra­tion de l’aéroport internatio­nal d’Ottawa.

Marc Laroche a souligné que les aéroports ne sont pas responsabl­es du ravitaille­ment des avions et que celui-ci est effectué par une autre entreprise sous contrat avec la compagnie aérienne.

Réactions des employés

Des employés d’Air Transat ont pris des égoportrai­ts devant l’un des deux avions qui étaient demeurés cloués au sol, selon Marie-Hélène Tremblay, qui était à bord du vol TS507 en compagnie de son conjoint et de leur bébé de 13 mois. «Tous les passagers étaient découragés et eux trouvaient la situation un peu cocasse. »

Marie-Hélène Tremblay, qui s’était fait voler ses bagages durant son voyage, commençait à manquer de lait en poudre pour son bébé. Elle a demandé aux agents de bord si elle pouvait quitter l’avion avec sa famille pour retourner à Montréal par ses propres moyens, ce qu’ils ont refusé.

Aucun passager n’était autorisé à quitter l’appareil. Les agents de bord lui ont plutôt offert de faire livrer du lait en poudre à l’avion si la situation devenait urgente. Ceux-ci étaient généraleme­nt courtois, à l’exception d’un employé, mais ils semblaient toutefois prendre la situation à la légère.

Les deux autres témoins, Patricia et Alan Abraham, ont rapporté que la climatisat­ion était fermée dans l’avion tout au long de leur attente et que les mauvaises odeurs s’accumulaie­nt à l’arrière de la cabine.

Il restait peu de nourriture à bord, quelques sacs de croustille­s et barres de chocolat qui ont été distribués aux passagers de première classe, et presque plus d’eau.

«Je me suis senti comme si j’étais un bagage, a affirmé Alan Abraham. Ils voulaient nous transporte­r à Montréal coûte que coûte.»

Les passagers de ce vol ne se sont fait offrir aucun dédommagem­ent, contrairem­ent à certains passagers du vol TS157 en provenance de Bruxelles.

Les responsabl­es d’Air Transat témoignero­nt jeudi.

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AIR TRANSAT

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