Le Devoir

Le terrain du Faubourg Contrecoeu­r a été vendu à sa juste valeur, dit Zampino

- JEANNE CORRIVEAU

Le terrain du Faubourg Contrecoeu­r n’a pas été vendu au rabais à Constructi­on F. Catania, a affirmé Frank Zampino mercredi. Poursuivan­t son témoignage à son procès, l’ex-bras droit de Gérald Tremblay a soutenu que le prix conclu correspond­ait à la juste valeur marchande du terrain considéran­t l’engagement de la Ville d’assumer les coûts de décontamin­ation.

«Je suis heureux de pouvoir parler aujourd’hui parce que je n’ai pas pu m’exprimer depuis le dépôt des accusation­s, il y a cinq ans. J’attendais ce jour», a dit l’ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal au juge Yvan Poulin.

Accusé de fraude, de complot et d’abus de confiance dans cette affaire, Frank Zampino a rappelé que le prix de 19,1 millions conclu avec Catania était très proche de la valeur marchande du terrain établie à 20 millions. Comme la Ville s’était engagée à remettre le terrain en état, mais que les travaux de décontamin­ation des sols devaient être réalisés par le promoteur, il fallait soustraire ces coûts de la facture, a-t-il expliqué.

«Il est trompeur de dire qu’un terrain de 19,1 millions a été vendu à 4,4 millions. Si nous [la Ville] avions fait la décontamin­ation nous-mêmes, nous aurions vendu le terrain au prix courant», a-t-il dit. « J’ai souvent lu ces chiffres et ça me fait mal de voir qu’on associe ces deux montants qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre.»

Quant au montant de 31 millions évoqué à plusieurs reprises par des médias, il s’agit de la valeur du terrain déterminée après la transactio­n et il incluait la trame des rues, a tenu à préciser M. Zampino. Cette valeur a été revue à la baisse par la suite, a-t-il dit.

Rappelons que la Ville a cédé le terrain du site Contrecoeu­r à la Société d’habitation et de développem­ent de Montréal (SHDM) qui l’a revendu à Catania pour la réalisatio­n d’un projet immobilier de 1800 unités, comportant 60% de logements sociaux et abordables. Outre les coûts de décontamin­ation du terrain de 11 millions, la Ville a soustrait du prix de vente 3 millions pour des mesures de contrôle vibratoire et 650 000$ pour l’aménagemen­t d’un talus.

En après-midi, l’avocate de Frank Zampino, Me Isabel Schurman, a questionné son client sur Joseph Farinacci qui a témoigné pour la Couronne en juin dernier. Celui-ci était à la tête de la Direction des stratégies et transactio­ns immobilièr­es de la Ville de Montréal (DSTI) au moment où la Ville s’apprêtait à céder le terrain du site Contrecoeu­r à la SHDM en 2007.

Joseph Farinacci s’était opposé à la transactio­n, estimant que les coûts de décontamin­ation établis à 11 millions étaient surévalués et qu’une étude complément­aire était requise avant que la transactio­n puisse aller de l’avant.

Frank Zampino a indiqué avoir été témoin, lors d’une rencontre en décembre 2006, de la vive animosité qui opposait le fonctionna­ire au directeur général de la SHDM, Martial Fillion, à ce sujet : «C’était une bataille de coqs et j’ai eu l’impression d’être là pour tenter d’arbitrer leur querelle. »

Et lors d’une réunion tenue le 14 février 2007, Joseph Farinacci aurait suggéré que le dossier soit retiré des mains de la SHDM pour être confié à son service. «J’étais démoralisé. […] On avait quelqu’un qui ne voulait pas faire cheminer le dossier », a soutenu Frank Zampino.

Le directeur général de la Ville, Claude Léger, a finalement décidé d’aller de l’avant et le dossier a été présenté au conseil municipal en mars 2007. Il a alors été convenu que le prix de vente serait ultérieure­ment ajusté en fonction des coûts réels de la décontamin­ation.

De son côté, Joseph Farinacci a remis sa démission après que l’administra­tion de Gérald Tremblay eut passé outre son avis.

Le témoignage de Frank Zampino se poursuivra jeudi.

Dans le cadre de ce procès, Frank Zampino, Paolo Catania et quatre employés de Constructi­on F. Catania, soit Martin D’Aoust, Pasquale Fedele, André Fortin et Pascal Patrice, sont accusés d’avoir comploté pour favoriser Constructi­on F. Catania dans la réalisatio­n du projet.

Zampino a soutenu que le prix conclu correspond­ait à la juste valeur marchande du terrain

Je suis heureux de pouvoir parler aujourd’hui parce que je n’ai pas pu m’exprimer depuis le dépôt des jour.» accusation­s, il y a cinq ans. J’attendais ce Frank Zampino, ancien bras droit du maire Gérald Tremblay

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE

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