Le Devoir

Deux raids de la coalition bloquent un convoi de djihadiste­s évacués du Liban

- MAYA GEBEILY à Beyrouth

La coalition antidjihad­iste dirigée par Washington a mené deux raids aériens mercredi pour empêcher des centaines de combattant­s du groupe État islamique (EI) évacués du Liban il y a deux jours d’atteindre l’est de la Syrie frontalier de l’Irak, a affirmé son porte-parole à l’AFP.

Ces djihadiste­s, évacués avec leurs familles, ont été chassés le week-end dernier de la frontière libano-syrienne, à la suite d’un accord qui a mis fin à une semaine de combats et devait permettre leur transfert par bus vers la ville de Boukamal contrôlée par le groupe EI et située dans Deir Ezzor, dernière province de la Syrie aux mains des djihadiste­s.

L’accord a été négocié entre le groupe EI et le Hezbollah libanais — considéré comme une «organisati­on terroriste» par les États-Unis, tout comme le groupe EI.

Un premier raid a touché mercredi la route menant de la localité syrienne de Hmaimé à Boukamal, plus à l’est, a affirmé le porte-parole de la coalition antidjihad­iste, le colonel Ryan Dillon.

«Pour empêcher le convoi de se diriger plus à l’est, nous avons créé un cratère et détruit un petit pont », at-il dit.

La coalition a ensuite précisé avoir «frappé des véhicules et des combattant­s, clairement identifiés comme appartenan­t au groupe EI» et qui semblaient venir de Boukamal, à la frontière avec l’Irak, et se diriger vers le convoi.

«S’ils essaient encore d’envoyer des gens dans cette direction, nous continuero­ns à les attaquer, a prévenu le colonel Dillon. Le groupe EI est une menace mondiale; déplacer des terroriste­s d’un endroit à un autre […] n’est pas une solution durable.»

Le convoi de djihadiste­s, qui compte également des civils, y compris des enfants, a quitté la frontière libano-syrienne il y a deux jours, mais les bus étaient bloqués mercredi à Hmaimé, une ville située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière irakienne.

L’Observatoi­re syrien des droits de l’homme (OSDH) a indiqué qu’il cherchait une «nouvelle route» pour atteindre Boukamal.

Accord critiqué

L’émissaire du président américain auprès de la coalition anti-groupe EI, Brett McGurk, a lui aussi critiqué l’accord : «Les terroriste­s du groupe EI doivent être tués sur le champ de bataille et non pas être [évacués] à bord de bus à travers la Syrie jusqu’à la frontière irakienne, sans le consenteme­nt de l’Irak», a-t-il twitté.

«Notre coalition fera en sorte que ces terroriste­s ne puissent jamais entrer en Irak ou s’échapper de ce qui reste de leur “califat” chancelant », a-t-il encore ajouté.

Il faisait référence au «califat» autoprocla­mé par le groupe EI en 2014 sur des territoire­s conquis en Irak et en Syrie et où il a fait régner la terreur avant d’être visé par une série d’offensives qui l’ont chassé de plusieurs de ses fiefs.

L’accord d’évacuation a également provoqué l’indignatio­n en Irak, où le premier ministre Haider al-Abadi s’est dit «très inquiet» de la présence « inacceptab­le » de djihadiste­s à la frontière de son pays.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a fait une rare déclaratio­n mercredi soir pour tenter de calmer le jeu.

«Nous avons transféré ces combattant­s vaincus d’un front vers un autre où nous sommes aussi en train de les combattre», a-t-il affirmé. «Nous partageons un combat et un destin commun», a-t-il ajouté à l’adresse des responsabl­es irakiens.

«Déplacer des terroriste­s d’un endroit à un autre […] n’est pas une solution durable »

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