Le Devoir

Des militants péquistes souhaitent restreindr­e l’accès au cégep en anglais

Jean-François Lisée dit être ouvert aux propositio­ns qui seront faites au congrès

- MARIE-MICHÈLE SIOUI à Saint-Eustache Le Devoir

Les délégués du Parti québécois (PQ) débattront la semaine prochaine de la possibilit­é d’interdire le cégep en anglais aux personnes qui n’ont fréquenté qu’un seul établissem­ent francophon­e au cours de leur parcours scolaire.

En congrès à Montréal, ils devront étudier une propositio­n de militants estriens, qui suggèrent d’obliger la fréquentat­ion d’un établissem­ent d’enseigneme­nt francophon­e lors des «deux premiers diplômes préunivers­itaires réalisés au Québec».

En clair, une personne qui n’aurait étudié en français qu’au cours de ses études secondaire­s, par exemple, ne pourrait fréquenter un cégep anglophone. Le même principe — «des deux blocs», comme l’appellent certains militants — s’appliquera­it à un jeune qui aurait seulement fait ses études primaires en français.

L’idée est d’assurer la pleine intégratio­n, en français, des nouveaux arrivants. «Le choix des cégeps anglophone­s par une trop grande proportion d’élèves allophones représente un obstacle à leur pleine intégratio­n à la société québécoise et à la préservati­on de la langue française comme langue commune», lit-on dans l’introducti­on de la propositio­n.

Un «point d’équilibre»

En clôture de caucus, jeudi à Shawinigan, le chef du PQ, Jean-François Lisée, a déclaré que son parti et ses militants tentaient de trouver «un point d’équilibre» sur la question de la langue. «La loi 101 au cégep, j’ai des raisons de penser que ce n’est pas une bonne idée, comme le pensait Jacques Parizeau. Mais on est ouverts à autre chose. La liste n’est pas fermée», a-t-il avancé. « Alors, faites-nous des propositio­ns. C’est l’appel que je leur ai lancé [aux militants]. J’ai toujours voulu être en dialogue avec ceux qui veulent aller plus loin. »

Le PQ a intégré à son programme, en 2011,

l’interdicti­on pour les étudiants francophon­es ou allophones de fréquenter le cégep en anglais. Une fois au pouvoir, le gouverneme­nt de Pauline Marois a renoncé à cet engagement.

Selon Jean-François Lisée, cette propositio­n n’a plus la cote aujourd’hui. « Je sais que si on allait au vote sur la loi 101 dans les cégeps [au congrès], ce serait battu», a-t-il avancé. «On connaît déjà le score. Plutôt que de faire ça, estce qu’on peut trouver un point d’équilibre? On essaie de le chercher.» Le chef n’a pas souhaité émettre de commentair­es sur la propositio­n des «deux blocs». Renforcer la Charte

Parmi les autres propositio­ns sur la langue mises en avant par les militants se trouve celle d’accorder le droit à l’enseigneme­nt en anglais «uniquement aux enfants dont les deux parents ont reçu la majorité de leur éducation en anglais ». Il s’agit là d’une propositio­n visant à renforcer l’article 76 de la Charte de la langue française, qui prévoit qu’un enfant dont un des parents a fréquenté l’école anglophone peut obtenir une éducation en anglais.

Des militants de l’Estrie suggèrent aussi de «permettre aux étudiants des cégeps francophon­es qui le désirent et qui démontrent une maîtrise du français suffisante de suivre au cégep un parcours en anglais enrichi qui pourra comporter une session dans un cégep anglophone ».

Les propositio­ns des militants seront soumises au vote des délégués, qui se réunissent en congrès la fin de semaine prochaine, à Montréal. C’est à ces derniers que revient la décision d’intégrer des propositio­ns au programme du parti, ou non.

Pas de débat sur l’accès à l’indépendan­ce

S’il y a un sujet dont ces délégués ne débattront pas, cependant, c’est celui de l’accession à l’indépendan­ce. «Ça ne revient pas au congrès », a affirmé Jean-François Lisée. « Les gens ont vraiment intégré que la meilleure façon de faire l’indépendan­ce du Québec, c’est d’abord de chasser les libéraux, et ensuite de réussir l’indépendan­ce», a-t-il ajouté, en référence à son engagement de ne pas tenir de référendum avant 2022.

Le chef a par ailleurs refusé de formuler des commentair­es ou des attentes quant au vote de confiance auquel il se soumettra pendant le congrès. Un sondage dévoilé il y a quelques jours lui accordait la faveur de 13% des électeurs quant au choix du chef politique qui ferait le meilleur premier ministre du Québec. Le portrait n’était guère plus reluisant chez les sympathisa­nts péquistes, qui étaient 59% à croire qu’il ferait le meilleur premier ministre. «Je fais confiance aux membres du Parti québécois. Je les connais, je les ai vus, j’ai fait le tour du Québec», a-t-il simplement déclaré.

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MICHAËL MONNIER LE DEVOIR Une propositio­n de militants péquistes de l’Estrie vise à restreindr­e l’accès des immigrants au cégep en anglais.

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