Le Devoir

Les secours à la recherche des victimes oubliées

- MICHAEL MATHES ELODIE CUZIN à Orange, États-Unis

La tempête historique Harvey dans le sud des États-Unis a donné lieu jeudi à de nouvelles opérations de secours d’intensité dramatique, par air ou par bateau, dans des régions jusque-là coupées du monde par l’étendue des inondation­s.

Au sixième jour de la catastroph­e, les milliers de sauveteurs profession­nels ou bénévoles faisaient face à de nouveaux défis, comme l’évacuation dans l’urgence d’un hôpital ou des incendies de produits chimiques aux fumées potentiell­ement dangereuse­s.

Dans certaines zones, la décrue révélait une ampleur pire que ce qui avait été imaginé des dommages: maisons immergées jusqu’au toit, caravanes couchées sur le flanc et également immergées, navires de plaisance renversés, entrepôts démolis et aux stocks disséminés sur des kilomètres…

Et partout, toujours, ces réseaux routiers transformé­s en lacs, ces zones urbaines paralysées par les flots, ces paysages d’où n’émergent que des arbres paraissant isolés.

À bout de forces

Dans le comté texan d’Orange, à la frontière de la Louisiane, Lonnie et Missy Givens ont refusé d’évacuer leur maison en pierre et de plainpied, malgré les avertissem­ents.

«On pensait qu’on serait épargnés. On se trompait», a confié à l’AFP Lonnie. L’eau est montée dans la bâtisse, le courant électrique a disjoncté, forçant le couple à se réfugier dans son pick-up. « On n’a vraiment nulle part où aller», a-t-il ajouté.

Selon la Maison-Blanche, 100 000 foyers ont ainsi été touchés par la catastroph­e.

Les accalmies dans les précipitat­ions ont permis d’accélérer les hélitreuil­lages des victimes, souvent à bout de forces et transies par l’humidité, obligées de tout abandonner, sauf parfois leur animal domestique.

Au coeur des efforts des secouriste­s s’est trouvé un hôpital dans le sud-est du Texas, dans la ville de Beaumont dont le réseau de distributi­on d’eau a été mis hors service par la tempête.

Il a été le théâtre jeudi d’un ballet d’hélicoptèr­es pour prendre en charge les plus fragiles des quelque 200 patients de l’établissem­ent, les autres étant évacués par voie terrestre.

Dans toutes les zones inondées du Texas et de la Louisiane, pompiers et policiers procédaien­t en parallèle à un harassant porte-à-porte à la recherche de personnes oubliées.

Certains sinistrés ont dû attendre pendant des jours sans vivres, parfois longtemps juchés sur leur toit, avant de voir un canot venir les chercher.

Les secouriste­s craignaien­t de découvrir de nouveaux morts, au nombre d’une quarantain­e selon les derniers bilans provisoire­s.

Incendie dans une usine

Au fléau des inondation­s s’est ajoutée la peur d’une pollution chimique, après un incendie accidentel dans une usine texane qui libérait un panache de fumée irritante mais pour l’instant sans concentrat­ion toxique.

Ces produits instables et très inflammabl­es se consumaien­t dans un site industriel exploité par le groupe français Arkema, autour duquel a été mis en place un périmètre d’évacuation de trois kilomètres.

«Ce panache est extrêmemen­t dangereux», a déclaré plus tard Brock Long, directeur de l’Agence fédérale des situations d’urgence (FEMA).

Le shérif du comté de Harris, Ed Gonzalez, s’est, lui, voulu rassurant, parlant d’une «série de réactions chimiques» plutôt que d’explosions massives.

Inondée et privée d’électricit­é, donc de capacité de réfrigérat­ion de ses matériaux hautement inflammabl­es, l’usine d’Arkema fabrique des peroxydes organiques, un composé entrant dans la fabricatio­n de plastiques.

Le vice-président, Mike Pence, s’est rendu à la rencontre de victimes des inondation­s dans la bourgade côtière de Rockport, entrant directemen­t en contact avec les habitants, ce que le président Donald Trump n’a pas fait lors de sa visite mardi.

«Le peuple américain est avec vous. Nous sommes ici aujourd’hui. Nous serons ici demain. Et nous serons ici chaque jour jusqu’à ce que cette ville, cet État et cette région soient reconstrui­ts encore davantage et mieux que jamais», a déclaré le vice-président.

De son côté, la MaisonBlan­che a demandé jeudi au Congrès de débloquer des fonds d’urgence. Le président Trump a promis de faire un don personnel d’un million de dollars.

Au Texas, les dégâts matériels pourraient atteindre entre 30 et 100 milliards de dollars.

 ?? JOE RAEDLE GETTY IMAGES ?? Quintin Sanders est secouru par ses voisins après que son quartier de Beaumont, une ville du Texas, a été inondé par la tempête Harvey.
JOE RAEDLE GETTY IMAGES Quintin Sanders est secouru par ses voisins après que son quartier de Beaumont, une ville du Texas, a été inondé par la tempête Harvey.

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