Le Devoir

La croissance s’est accélérée grâce aux consommate­urs

- ANDY BLATCHFORD à Ottawa

La confiance des consommate­urs canadiens a alimenté la croissance économique généralisé­e au cours du deuxième trimestre, ce qui a permis au pays d’afficher son meilleur début d’année calendaire depuis 2002.

La croissance s’est établie au rythme annualisé de 4,5 %, après avoir connu une appréciati­on de 3,7% au cours du trimestre précédent. Cette performanc­e, étonnammen­t vigoureuse, soulève une question: combien de temps le Canada peut-il soutenir une telle progressio­n ?

Les Canadiens, encouragés par les faibles coûts du crédit, la vigueur du marché du travail et la hausse des salaires, ont joué un grand rôle dans l’élan de l’économie puisqu’ils ont ouvert leur portefeuil­le, a précisé jeudi Statistiqu­e Canada. Les dépenses des ménages se sont distinguée­s dans le rapport de l’agence fédérale, progressan­t de 4,6% sur une base annuelle, au deuxième trimestre. Cela succédait à leur hausse de 4,8% des trois premiers mois de l’année.

L’analyste Krishen Rangasamy, économiste

principal à la Banque Nationale, ne croit pas que la cadence actuelle puisse être maintenue encore bien longtemps. «Nous ne sommes pas un marché en émergence», a-t-il noté, en référence au taux de croissance de 4 % de l’économie canadienne pour la première moitié de 2017. «Les économies avancées peuvent afficher [de tels taux] occasionne­llement, mais on ne peut pas s’attendre à ce que ce genre de croissance soit soutenue pour une économie avancée.»

La robuste croissance témoignait des gains soutenus de l’économie cette année. Ces plus récents chiffres surviennen­t alors que plusieurs observateu­rs s’attendent à ce que la Banque du Canada hausse son taux d’intérêt directeur de nouveau dans les prochaines semaines. Ces prédiction­s sont de plus en plus valables et la situation fait même dire à certains qu’une hausse du taux directeur pourrait survenir dès la prochaine annonce de la banque centrale, prévue pour la semaine prochaine.

Selon M. Rangasamy, l’éventuelle hausse de la banque centrale est une des raisons clés lui faisant croire que la croissance va ralentir dans la deuxième moitié de l’année. En effet, une hausse des taux d’intérêt aurait pour effet de convaincre les ménages d’amasser moins de dettes, ce qui pourrait amoindrir l’effet attribuabl­e à des années de crédit particuliè­rement peu coûteux, a-t-il expliqué.

L’allure de la création d’emplois enregistré­e au premier semestre devrait elle aussi ralentir, a poursuivi l’analyste, particuliè­rement parce que les 186 000 emplois créés pendant cette période représenta­ient la meilleure performanc­e à ce chapitre depuis 2010. La Banque Nationale prévoit une croissance de 1,8% pour le troisième trimestre, et de 2% pour les trois derniers mois de l’année.

L’économie connaît toute une séquence jusqu’à maintenant en 2017. Il faut remonter six ans dans le passé pour trouver un trimestre où la croissance a été aussi forte que celle du deuxième trimestre — elle s’était alors établie à 5,7%. Si le PIB canadien affiche une telle performanc­e, c’est notamment grâce aux consommate­urs, qui sont « les piliers de la croissance», a estimé Frances Donald, économiste principale chez Manuvie.

Et les dépenses des ménages ne devraient pas diminuer de sitôt, parce que certaines données démontrent que les Canadiens ont aussi mis de l’argent de côté au cours du trimestre. «Il reste de l’essence dans le réservoir des consommate­urs», a illustré Mme Donald, qui a attribué la résilience des dépenses à la robustesse de données fondamenta­les comme la croissance des emplois et des salaires.

Les économiste­s s’attendaien­t en moyenne à une croissance économique de 3,7% pour le deuxième trimestre, selon les prévisions recueillie­s par Thomson Reuters. La Banque du Canada avait pour sa part prévu qu’elle serait de 3% dans son plus récent rapport, publié en juillet.

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