Une charge dirigée contre la mauvaise cible
Dans sa lettre publiée au Devoir en date du 30 août, M. Nadeau-Dubois accuse M. Lisée de stigmatiser les demandeurs d’asile et de diviser le Québec. Cette charge critique me désole, car elle me semble dirigée contre la mauvaise cible, qui se trouve à être les gouvernements élus.
Tout d’abord, il serait souhaitable de ne pas faire d’amalgame entre l’immigration légale et l’immigration clandestine. L’une est contrôlée et souhaitable, tandis que l’autre est sans contrôle et nuisible puisqu’elle ne s’inscrit dans aucune volonté politique. Sommes-nous tous d’accord sur ce point, ou dois-je être taxé de xénophobie pour affirmer une telle chose? Nous pouvons choisir d’ouvrir nos portes ou de les fermer à condition de bien en assumer collectivement les conséquences, ce qui n’est pas exactement le cas en ce moment.
Si le contrôle des frontières relève du fédéral, ne serait-ce pas à lui d’assumer le coût de leur perméabilité ? Exiger que le gouvernement Trudeau prenne ses responsabilités, est-ce faire preuve d’un repli identitaire? Est-ce l’équivalent que de stigmatiser les migrants clandestins? À mon avis, non. Ce que M. Lisée cherche à stigmatiser, c’est plutôt la position de M. Couillard, qui adhère aveuglément aux politiques fédérales malgré les nombreuses injustices et incohérences qu’elles imposent au Québec.
Ensuite, si M. Lisée crée de la division au Québec, M. Nadeau-Dubois ne fait guère mieux en refusant de reconnaître l’existence même du problème social. Le PQ exige des actes de la part du gouvernement pour régler cette crise pendant que QS appelle l’opposition et la population à se taire. Se taire, c’est sûrement la meilleure façon de sauver nos apparences, mais c’est aussi une forme de démission. Ne serait-il pas temps de créer des ponts plutôt que de se lancer des tomates entre souverainistes et entre Québécois ? Alexandre Savignet Le 31 août 2017