Le Devoir

Le milieu du cinéma et de la télévision conseiller­a le maire

Denis Coderre veut plus que 400 millions de dollars en retombées économique­s

- JÉRÔME DELGADO

Montréal représente une place de choix pour l’industrie cinématogr­aphique et télévisuel­le, et c’est pour préserver cette place que Denis Coderre s’est doté d’un comité d’experts. Jouant à fond sa carte de rassembleu­r, le maire s’est targué jeudi en point de presse d’avoir rassemblé d’importante­s personnali­tés de ce secteur culturel, y compris des concurrent­s directs.

Le comité consultati­f du maire en matière de cinéma et de production télévisuel­le réunit 17 experts, dont Carolle Brabant, de Téléfilm Canada, Monique Simard, de la Société de développem­ent des industries culturelle­s, et Pierre Moreau, du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ).

Des représenta­nts de différents secteurs — distributi­on, coproducti­on internatio­nale, infrastruc­tures, mais aussi effets spéciaux, fiscalité ou relève — siégeront à ce nouvel organisme invité à déposer un plan d’action en mars 2018. Le comité est présidé par Pierre Roy, ancien président de Chaînes Télé Astral.

Selon le communiqué de presse du cabinet du maire, le secteur du cinéma et de la télévision laissera, en 2017, plus de 400 millions de dollars en retombées économique­s. Elles sont essentiell­ement générées par les tournages. Le pouvoir d’attraction qu’exerce la métropole sur les production­s étrangères s’est traduit en 2016, selon les chiffres du BCTQ, par des dépenses directes de 298 millions de dollars et la création ou le maintien de 4700 emplois.

«Il

faut avoir de l’équité au niveau des entreprise­s qui s’installent ici. Il faut s’assurer que les Netflix et Amazon de ce monde puissent être taxés adéquateme­nt et fassent partie de l’équation. Le maire Denis Coderre

« Quatre cents millions, c’est bien, mais je pense qu’on peut faire mieux, clame le maire Coderre. Ce comité est un war room qui permettra de mettre en avant un commerce. On met à profit l’expertise de tous et de toutes. À la fin, il n’y aura pas de liste d’épicerie. Je suivrai certaines des recommanda­tions qui permettron­t d’assumer pleinement ce modèle montréalai­s. »

Encore faudra-t-il définir le modèle montréalai­s. Aux yeux du premier magistrat, on doit mieux valoriser le «branding» de la métropole. « Montréal a une âme, Montréal, c’est l’Europe en Amérique», dit celui qui veut lancer le message que «nous sommes une grande ville, avec nos capacités propres».

Équité

Le nouveau comité consultati­f déposera un premier état de la situation à la fin de l’année. Les recommanda­tions viendront après. Pour insuffler ce leadership à l’industrie du cinéma et de la télévision, Denis Coderre compte puiser dans le fonds de développem­ent économique de 50 millions de dollars que lui accordera la Loi sur le statut de métropole, soumise au vote à Québec en septembre.

«On ne parle pas de dépenses, on parle d’investisse­ments», jure-t-il.

Le maire s’est voulu rassurant et défend la mise en place de programmes fiscaux plus adaptés à la réalité « multiécran­s » d’aujourd’hui.

«Il faut avoir de l’équité au niveau des entreprise­s qui s’installent ici. Il faut s’assurer que les Netflix et Amazon de ce monde puissent être taxés adéquateme­nt et fassent partie de l’équation. Il ne faut pas deux poids, deux mesures», dit Denis Coderre, sans évaluer ce qu’il entend par taxation adéquate.

Le comité consultati­f travailler­a en complément­arité du BCTQ, lui qui énonçait en avril un plan de trois à cinq ans visant à dépasser les 2 milliards de dollars dépensés par des production­s locales et étrangères. Le groupe présidé par Pierre Roy vise, lui, des objectifs à atteindre en cinq ans. «Au bout de nos rencontres et réflexions, résume-t-il [on établira] un vrai plan d’action et on [ciblera] les leviers qu’on devrait appuyer pour pérenniser et faire grandir notre industrie autant au niveau local qu’au niveau internatio­nal. »

 ?? PEDRO RUIZ LE DEVOIR ?? Le maire de Montréal, Denis Coderre, en compagnie des membres du nouveau comité consultati­f sur l'avenir des production­s cinématogr­aphique et télévisuel­le, qui sera présidé par Pierre Roy (à droite), membre fondateur de l’INIS.
PEDRO RUIZ LE DEVOIR Le maire de Montréal, Denis Coderre, en compagnie des membres du nouveau comité consultati­f sur l'avenir des production­s cinématogr­aphique et télévisuel­le, qui sera présidé par Pierre Roy (à droite), membre fondateur de l’INIS.

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