Le Devoir

Frank Zampino minimise le rôle de Bernard Trépanier

Le témoignage de l’ex-numéro 2 de la Ville se poursuivai­t vendredi au palais de justice

- JEANNE CORRIVEAU

Frank Zampino et l’ex-responsabl­e du financemen­t d’Union Montréal, Bernard Trépanier, ont beau être des amis de longue date, jamais ils n’ont discuté des détails du projet immobilier du Faubourg Contrecoeu­r ou échangé d’informatio­ns privilégié­es à ce sujet, a affirmé vendredi l’ancien bras droit de Gérald Tremblay, au 4e jour de son témoignage.

Frank Zampino a connu Bernard Trépanier lorsqu’il s’est lancé en politique comme candidat au poste de conseiller municipal à Saint-Léonard en 1986. M. Trépanier était organisate­ur politique. L’homme surnommé «Monsieur 3%» a par la suite travaillé à toutes les campagnes électorale­s de Frank Zampino jusqu’à ce que celui-ci quitte la vie politique en 2008. «Il était très proche de ma famille et c’est devenu un ami », a indiqué Frank Zampino à la cour.

Arrêté en 2012 par l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) en même temps que Frank Zampino, l’entreprene­ur Paolo Catania et cinq autres personnes liées au dossier du Faubourg Contrecoeu­r, Bernard Trépanier doit subir un procès distinct en raison de ses problèmes de santé.

Au début des années 2000, Bernard Trépanier s’est mis au service du parti de Gérald Tremblay, l’Union des citoyens de l’île de Montréal (devenu Union Montréal par la suite). « Bernard Trépanier avait un vaste réseau de contacts […] Il avait la politique dans le sang. Il adorait parler politique », a dit Frank Zampino, qui l’a décrit comme un homme qui parlait constammen­t au téléphone. Il appelait d’ailleurs son assistante tous les matins, simplement pour dire bonjour, a-t-il dit.

Le 357C

Même si Gérald Tremblay a congédié Bernard Trépanier en 2006, celui-ci est demeuré actif dans le financemen­t d’Union Montréal pendant plusieurs années, a confirmé Frank Zampino.

Et c’était un habitué de l’hôtel de ville qui, lors de ses visites impromptue­s, allait saluer les élus qu’il connaissai­t, comme Claude Dauphin, Marcel Tremblay, Cosmo Maciocia, Sammy Forcillo et Francine Senécal. « Il aimait être proche des gens qui prennent les décisions», a dit M. Zampino. C’était un organisate­ur politique «de la vieille école», a-t-il dit.

Dans son témoignage en avril dernier, l’ingénieur Michel Lalonde, ex-p.-d.g. du Groupe Séguin, avait décrit Bernard Trépanier comme une courroie de transmissi­on entre Frank Zampino et les différents acteurs du dossier du Faubourg Contrecoeu­r, dont lui-même et Paolo Catania.

Frank Zampino a rejeté en bloc les affirmatio­ns de Michel Lalonde. Il a déclaré n’avoir jamais discuté des détails du dossier avec Bernard Trépanier ni lui avoir fourni d’informatio­ns privilégié­es. Il a également nié avoir suggéré, lors d’un cocktail de financemen­t au printemps 2005, que Constructi­on F. Catania soit considérée pour le projet. « Je n’étais pas impliqué dans ce dossier à ce moment-là», fait valoir à la cour.

Il a relaté qu’en mars 2007 Bernard Trépanier s’était présenté à une réunion de travail qui se déroulait au restaurant 357C en présence, notamment, de Cosmo Maciocia et de Martial Fillion, directeur général de la Société d’habitation et de développem­ent de Montréal (SHDM). «Je lui ai demandé de partir parce que ça concernait le Faubourg Contrecoeu­r», a expliqué Frank Zampino. «Bernard Trépanier n’avait aucun rôle à jouer dans le Faubourg Contrecoeu­r ni dans aucun autre dossier de la Ville.»

C’est pourtant M. Trépanier qui est inter venu auprès du bureau de la ministre de l’Environnem­ent de l’époque, Line Beauchamp, quand la découverte a-t-il de couleuvres brunes sur le site Contrecoeu­r a menacé de compromett­re le démarrage du projet. «Je ne lui ai pas demandé de le faire. Il a appelé François Crête [directeur de cabinet de la ministre], car il le connaissai­t personnell­ement», a expliqué M. Zampino.

Bernard Trépanier aurait aussi participé à plusieurs réunions portant sur le projet immobilier, ce qu’ignorait Frank Zampino : «Si je l’avais su, j’aurais exigé qu’il se retire. »

Rencontres d’usage

L’ex-élu a confirmé avoir assisté à trois ou quatre rencontres de travail au restaurant 357C relativeme­nt au dossier du Faubourg Contrecoeu­r : «Il n’y avait rien de mystérieux ou de clandestin à propos de ces rencontres au 357C », a-t-il tenu à signaler au juge Yvan Poulin.

Bien qu’il ait participé à plusieurs événements de financemen­t d’Union Montréal, Frank Zampino assure qu’il ne jouait aucun rôle décisionne­l au sein du parti politique dirigé par Gérald Tremblay.

Le témoignage de Frank Zampino se terminera mardi midi, a indiqué son avocate, Me Isabel Schurman. L’ancien élu sera ensuite contre-interrogé par la Couronne.

Accusé de fraude, de complot et d’abus de confiance, Frank Zampino est considéré par la poursuite comme un acteur central dans un stratagème visant à favoriser Constructi­on F. Catania pour la réalisatio­n du projet immobilier Faubourg Contrecoeu­r dans l’est de Montréal.

Même si Gérald Tremblay a congédié Bernard Trépanier en 2006, celui-ci est demeuré actif dans le financemen­t d’Union Montréal pendant plusieurs années

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Frank Zampino

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