Le Devoir

La liaison Montréal-Tokyo aura des retombées directes

La déléguée générale du Québec au Japon anticipe une augmentati­on des échanges

- KARL RETTINO-PARAZELLI

La nouvelle liaison aérienne directe entre Montréal et Tokyo facilitera grandement les échanges commerciau­x entre le Québec et le Japon, tout en permettant aux entreprene­urs et aux chercheurs québécois de tisser des liens plus étroits avec la troisième économie mondiale, soutient en entrevue au Devoir la déléguée générale du Québec à Tokyo, Claire Deronzier.

Les vols sans escale entre la métropole québécoise et la capitale nippone, qui seront offerts par Air Canada à partir du 1er juin 2018, ouvriront de nouvelles portes aux leaders du Québec et du Japon, se réjouit celle qui conclut un mandat de quatre ans à la tête de la délégation québécoise établie au coeur de la deuxième puissance asiatique.

«Déjà, on voit la réaction. Les gens sont très heureux, parce que ça va faciliter les démarches, affirme-t-elle en entrevue depuis Tokyo. Un vol direct, c’est sûr que ça permet d’être plus présent sur le terrain de part et d’autre. Chaque fois [qu’une liaison directe] s’est faite dans le monde, on a vu des retombées assez rapides.»

Entretenir les relations

La haute fonctionna­ire du gouverneme­nt du Québec explique que cette liaison directe effectuée quotidienn­ement pendant la haute saison estivale et trois fois par semaine au cours de l’hiver permettra aux dirigeants, aux chercheurs et même aux étudiants québécois d’entretenir des relations plus étroites avec leurs partenaire­s japonais.

Concrèteme­nt, une entreprise comme Moment Factory, qui a des bureaux à Montréal et dans cinq autres villes du monde, dont Tokyo, pourra en bénéficier directemen­t.

Mme Deronzier travaillai­t depuis trois ans avec Aéroports de Montréal sur ce projet de connexion directe. Son équipe et elle ont joué le rôle d’intermédia­ire entre les représenta­nts montréalai­s et ceux de l’aéroport de Narita, qui accueiller­a les vols d’Air Canada.

Partenaire important

La liaison sans escale devrait par ailleurs permettre d’accroître les échanges commerciau­x entre le Québec et le Japon, dont l’économie reprend de la vigueur après des années difficiles, estime celle qui sera bientôt affectée à l’Organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie, à Paris. «Ça va faciliter les échanges de façon très claire », juge-t-elle.

Entre le moment de son entrée en poste, en 2013, et l’an dernier, les exportatio­ns du Québec vers le Japon ont augmenté de 37 %, passant de 944 millions à 1,3 milliard de dollars. Le Japon est le deuxième marché d’exportatio­n du Québec en Asie, après la Chine, et le sixième en importance dans le monde. On y exporte surtout du minerai de fer, de la viande de porc, du soya et des pièces d’avions ou d’hélicoptèr­es.

Pour ce qui est des importatio­ns en provenance du Japon, elles ont atteint 2,1 milliards de dollars en 2016, en baisse par rapport aux 2,7 milliards enregistré­s quatre ans plus tôt. Le Québec achète avant tout des voitures, des parties d’avions ou d’hélicoptèr­es et des circuits imprimés.

Technologi­es à l’honneur

Mis à par les marchandis­es, Claire Deronzier croit que le Québec pourra tirer profit de la solide réputation qu’il s’est bâtie auprès des Japonais en raison de la qualité de ses produits et de son savoir technologi­que. Le secteur de l’intelligen­ce artificiel­le, qui fait notamment la fierté de Montréal, suscite par exemple beaucoup d’intérêt au Japon.

De grandes sociétés québécoise­s ont par ailleurs mis sur pied des coentrepri­ses avec des partenaire­s nippons. C’est par exemple le cas d’Hydro-Québec, qui s’est associée à Sony pour créer Technologi­es Esstalion, une compagnie qui développe des systèmes de stockage d’énergie de grande capacité.

«Avec les Japonais, une fois que le partenaria­t est établi, ils restent avec le partenaire longtemps », note M me Deronzier.

Nouvel accord?

L’avenir de la relation commercial­e entre le Québec et le Japon dépendra aussi de l’évolution des négociatio­ns concernant un possible accord de libre-échange multilatér­al ou bilatéral.

En 2012, le Canada avait entamé des négociatio­ns avec le Japon concernant un accord de partenaria­t économique, mais l’attention s’est rapidement tournée vers le Partenaria­t transpacif­ique. Cet accord de libre-échange a d’abord été signé par 12 pays, dont le Canada et le Japon, avant d’être rejeté par le président américain Donald Trump.

Reste donc à voir si le Japon voudra convaincre les États-Unis de renégocier l’accord, conclure une entente avec les 11 signataire­s restants ou se rabattre sur des accords bilatéraux avec les pays intéressés. «Ce qu’on souhaite, c’est qu’il y ait un accord, et qu’on puisse reprendre si possible les négociatio­ns bilatérale­s entre le Canada et le Japon », fait valoir Claire Deronzier.

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YOSHIKAZU TSUNO AGENCE FRANCE-PRESSE La liaison directe entre Montréal et Tokyo permettra aux dirigeants, aux chercheurs et même aux étudiants québécois d’entretenir des relations plus étroites avec leurs partenaire­s japonais.
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Claire Deronzier
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