Le Devoir

Une refonte du C.A. est réclamée par le syndicat

Un changement de culture s’impose, estime le STTP dans une lettre au premier ministre

- FRANÇOIS DESJARDINS

Le conseil d’administra­tion de Postes Canada a besoin d’une importante refonte, avance le syndicat de la société d’État en affirmant qu’il faut «changer la culture» avant de s’attaquer à celle de la haute direction. Il plaide notamment pour que le conseil respecte la parité hommes-femmes, qu’il comprenne un autochtone et qu’il fasse appel à des administra­teurs sensibles aux enjeux du monde rural et de l’économie numérique.

Dans une lettre transmise jeudi au premier ministre Justin Trudeau, le Syndicat des travailleu­rs et travailleu­ses des postes (STTP) dresse un portrait sombre des dernières années et affirme que les changement­s au conseil seraient une «première étape d’un processus de guérison».

« Nous croyons que la haute direction de Postes Canada est empreinte d’une culture marquée par un manque de transparen­ce, de collaborat­ion et de reddition des comptes», a écrit le président du STTP, Mike Palecek, dont l’organisati­on entamera bientôt les négociatio­ns pour le renouvelle­ment des convention­s collective­s.

«Ces lacunes servent mal la population et ont une influence, du sommet à la base, sur l’ensemble de la société d’État. Pour assurer la protection et l’expansion de ce joyau public prospère et de grande valeur, il faut tout d’abord changer la culture au sein du conseil d’administra­tion, puis au sein de la haute direction de Postes Canada», a ajouté M. Palecek.

La lettre a été envoyée dans la foulée de la nomination de Carla Qualtrough comme ministre des Services publics, en remplaceme­nt de Judy Foote.

Le STTP affirme que « plusieurs » membres du conseil, nommés par le gouverneme­nt Harper, doivent partir. Le conseil d’administra­tion compte actuelleme­nt dix personnes, dont certains sont en poste depuis le mois d’août 2006. La présidente du conseil, Sian Matthews, a été nommée en 2007. Les deux nomination­s les plus récentes remontent à mars et juin 2015, avant l’élection générale qui a poussé le Parti conser vateur dans l’opposition.

Il a été impossible d’obtenir une réaction de Postes Canada, de même que du cabinet de la nouvelle ministre des Services publics.

Deuxième demande

Le STTP, qui représente environ 50 000 des

64 000 employés, n’en est pas à sa première demande concernant le conseil d’administra­tion de la société d’État. Deux mois après l’élection du Parti libéral, qui avait notamment promis de rétablir la livraison à domicile, le syndicat avait demandé l’examen de toutes les nomination­s.

Depuis ce temps, les libéraux ont mené des consultati­ons au sujet de l’avenir de Postes Canada et de sa mission. Le résultat de la réflexion n’a pas encore été rendu public. Dans un communiqué félicitant la nouvelle ministre, le STTP a indiqué jeudi que «nous attendons encore de voir s’ils vont remplir la promesse» concernant le rétablisse­ment de la livraison. «Nous espérons que la ministre Qualtrough y donnera bientôt suite.»

À peine un an après la conclusion d’ententes de principe en août 2016, les parties se préparent déjà à reprendre les pourparler­s car les accords ne couvraient que des périodes de deux ans, plutôt que quatre comme par le passé. En gros, les parties avaient laissé de côté d’importants enjeux — le régime de retraite et la baisse continue des volumes de lettres — sous prétexte qu’ils devaient faire l’objet d’une analyse en profondeur.

Le régime de retraite reviendra vraisembla­blement sur la table, dans la mesure où Postes Canada y voyait un boulet devenu trop lourd à porter. La société proposait d’instaurer pour les nouveaux employés un régime à cotisation­s déterminée­s.

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