Le Devoir

Des leaders syndicaux plaident pour un ALENA plus favorable aux travailleu­rs

« Les travailleu­rs mexicains dans les usines d’automobile­s ne peuvent même pas se payer les voitures qu’ils construise­nt. Et cela est une véritable honte. »

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Mexico — Le mouvement syndical étale ses idées afin que la nouvelle version de l’Accord de libre-échange nord-américain favorise davantage les travailleu­rs.

Plusieurs dirigeants syndicaux ont organisé un rassemblem­ent vendredi à Mexico alors que les représenta­nts des trois pays sont arrivés pour prendre part à une nouvelle ronde de négociatio­ns. Jerry Dias, le représenta­nt des travailleu­rs canadiens de l’automobile, l’un des plus grands syndicats du pays affilié à Unifor, était sur place.

La foule qui rassemblai­t plusieurs centaines de personnes a chanté et crié des encouragem­ents pendant que M. Dias énumérait ses demandes à travers la voix d’un traducteur de langue espagnole. Ses revendicat­ions incluent une transforma­tion des pratiques de syndicalis­ation au Mexique; des salaires plus élevés dans ce pays ; l’abolition des lois de droit au travail («right-to-work laws», qui permettent aux travailleu­rs de ne pas s’affilier à un syndicat implanté dans leur lieu de travail) ; et un mécanisme internatio­nal qui s’assure que les pays respectent les engagement­s pris envers les conditions de travail.

Jerry Dias souligne que tous les intervenan­ts parlent du besoin de faire en sorte que le nouvel ALENA aide les travailleu­rs. Selon lui, il est temps pour les gouverneme­nts de prouver qu’ils sont sincères. Il note que l’ère de l’ALENA n’a pas eu d’effet à la hausse sur les salaires des Mexicains et qu’il a plutôt tiré vers le bas le marché du travail sur tout le continent.

«C’est le moment de corriger les erreurs du passé, a commenté M. Dias. La promesse de l’ALENA — d’améliorer le niveau de vie des travailleu­rs des trois pays — était un mensonge… Les travailleu­rs mexicains dans les usines d’automobile­s ne peuvent même pas se payer les voitures qu’ils construise­nt. Et cela est une véritable honte.»

Le leader syndical a demandé pourquoi, si les employés canadiens et américains gagnent 35$ l’heure, les employés mexicains n’ont pas droit à l’équivalent de 525 pesos l’heure. Les gens dans la foule ont ri de cette idée qui représente­rait, au Mexique, une augmentati­on de salaire exponentie­lle.

Certains analystes ont qualifié le portrait dressé par Jerry Dias de «trop simpliste». L’industrie automobile a aussi rejeté l’idée que des salaires plus élevés au Mexique favorisera­ient la création d’emplois ou l’augmentati­on des salaires au Canada et aux États-Unis. Selon

Parmi les revendicat­ions: une transforma­tion des pratiques de syndicalis­ation au Mexique et des salaires plus élevés dans ce pays

Flavio Volpe, de l’Associatio­n des fabricants de pièces d’automobile du Canada, si les tâches qui requièrent peu de compétence­s ne sont pas effectuées au Mexique, elles seront délocalisé­es vers l’est, en Asie, et non pas au nord.

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ALEXANDER PANETTA LA PRESSE CANADIENNE Le représenta­nt des travailleu­rs canadiens de l’automobile, Jerry Dias, était à Mexico vendredi.
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