Le La La Land des pauvres
Danielle Macdonald se transforme en rappeuse du New Jersey dans Patti Cake$
PATTI CAKE$
1/2 Drame de Geremy Jasper avec Danielle Macdonald, Bridget Everett, Siddharth Dhananjay. États-Unis, 2017, 107 minutes.
Le rêve de faire carrière sur scène traverse les classes et les générations. Patricia Dombrowksi, alias Patti Cake$ (Danielle Macdonald), brûle quant à elle de quitter Bergen County, dans son New Jersey natal, où elle occupe un boulot de serveuse dans un bar où sa mère alcoolique (Bridget Everett) chante à l’occasion. Rappeuse qui dévoile son talent au cours d’une rixe de rue, blanche, femme et obèse, elle doit aussi se battre contre les préjugés qui entourent sa condition.
On assiste même à une scène de racisme à l’envers, lorsque Patti se fait traiter de Blanche et de «vautour de culture » par son chanteur idole, un richissime rappeur du nom de Oz, chez qui elle travaille comme… serveuse.
Reste qu’avec son ami Jheri (Siddharth Dhananjay), qui travaille dans une pharmacie, Basterd (Mamoudou Athie), un musicien qui a élu domicile dans une cambuse près du cimetière, et sa grand-mère Nana (Cathy Moriarty), qui est en fauteuil roulant, le groupe de Patti Cake$ est original et sympathique, et l’affection qui les lie les aidera à surmonter les épreuves.
Patti Cake$, présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, est le premier film de Geremy Jasper, grand amateur de hip-hop, qui en a aussi écrit les textes et coconçu la bandeson. Cette proximité de Jasper avec l’univers du hip-hop n’est sûrement pas étrangère au réalisme de l’ensemble du scénario, où c’est grâce au bagout que l’on fait son chemin.
Feel good movie sur la traversée de l’adolescence vers l’âge adulte, il dépeint un milieu pauvre américain où chaque ennui de santé représente un défi financier inquiétant.
Patti Cake$ est donc un film qui se regarde avec plaisir, même si les ficelles de l’intrigue, nouée à grands coups de bons sentiments, se dénouent peut-être un peu trop facilement et de façon un peu prévisible. Danielle Macdonald est très convaincante en rappeuse obèse, à la fois battante et vulnérable. La comédienne a dû suivre des cours de rap et travailler assidûment pour apprendre l’accent du New Jersey.
Les cinéphiles qui verront la version originale anglaise du film auront d’ailleurs peut-être du mal à en suivre le détail des paroles à cause de l’accent, notamment lors des envolées de rap. Aucune version doublée n’en a d’ailleurs été produite. Et c’est tant mieux.