Le Devoir

Milieu de travail : un rôle-clé dans le développem­ent de compétence­s

- CHARLES-ÉDOUARD CARRIER Collaborat­ion spéciale

Au coeur d’une ère numérique où tout va vite, les façons de faire en milieu de travail sont en constante évolution. Un tel contexte ne va pas sans accentuer la situation de précarité des employés qui ne maîtrisent pas suffisamme­nt la langue ou les chiffres. Ils ont en effet plus de difficulté à s’adapter, moins de possibilit­és d’accéder à des emplois de niveau supérieur et ils n’arrivent pas à acquérir les compétence­s requises pour occuper les emplois de demain.

Pour Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleu­rs du Québec (FTQ), les enjeux d’hier et d’aujourd’hui quant à la littératie, l’alphabétis­ation et la francisati­on en milieu de travail sont sensibleme­nt les mêmes, à une exception près: «Ça va vite! La numérisati­on, l’automatisa­tion, l’intelligen­ce artificiel­le, l’atteinte de nouvelles cibles environnem­entales, et j’en passe, font en sorte que le travail est en mouvement perpétuel. On fait face à des mutations dans des emplois qui demandent plus de qualificat­ions. »

Et pour pallier cette nouvelle réalité, Daniel Boyer signale qu’il y a beaucoup de chemin à faire. «En matière de francisati­on, on accueille de plus en plus d’immigrants et il faut leur permettre d’acquérir des compétence­s en français pour qu’ils deviennent des citoyens de plein droit. Et pour ceux qui sont analphabèt­es, il faut leur permettre d’acquérir des compétence­s minimales en matière de langue et de mathématiq­ues pour qu’eux aussi puissent devenir des citoyens à part entière. Sans le français et les mathématiq­ues, je suis un travailleu­r et un citoyen soumis, je n’ai pas de ressources pour me défendre. »

Pour bon nombre d’immigrants ne maîtrisant pas la langue française, les défis s’apparenten­t à ceux des individus qui n’arrivent pas à lire ou à écrire. Ainsi, dans les deux cas, selon Daniel Boyer, le milieu de travail peut jouer un rôle-clé dans le développem­ent des compétence­s linguistiq­ues. « Dans le cas d’immigrants qui ne connaissen­t pas suffisamme­nt la langue française, ils continuent de parler leur langue maternelle dans le milieu familial et social, note

M. Boyer. Souvent, le seul endroit où ils pourront s’intégrer en parlant français, c’est dans leur milieu de travail, c’est pourquoi on devrait leur donner la possibilit­é de l’apprendre.»

Des compressio­ns qui inquiètent

«On a eu des diminution­s de budget depuis que le Parti libéral est au pouvoir. C’est inquiétant, déplore Daniel Boyer. Pourtant, il admet que l’aide gouverneme­ntale est là, mais il constate qu’elle n’est pas suffisante pour que les employeurs puissent investir une partie de leur masse salariale pour former les gens et leur permettre d’acquérir à la fois des compétence­s de base, mais aussi des aptitudes qui leur permettron­t d’occuper les emplois de demain. « Que ce soit par son réseau de l’éducation ou par ses programmes qui visent les nouveaux arrivants, que ce soit par les programmes de formation profession­nelle offerts par la Commission des partenaire­s du marché du travail ou Emploi-Québec, l’État devrait s’impliquer davantage. Comme société, on a tout intérêt à le faire», poursuit le président de la FTQ.

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ISTOCK Le milieu de travail peut jouer un rôle-clé dans le développem­ent des compétence­s linguistiq­ues, assure le président de la FTQ, Daniel Boyer.

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