Milieu de travail : un rôle-clé dans le développement de compétences
Au coeur d’une ère numérique où tout va vite, les façons de faire en milieu de travail sont en constante évolution. Un tel contexte ne va pas sans accentuer la situation de précarité des employés qui ne maîtrisent pas suffisamment la langue ou les chiffres. Ils ont en effet plus de difficulté à s’adapter, moins de possibilités d’accéder à des emplois de niveau supérieur et ils n’arrivent pas à acquérir les compétences requises pour occuper les emplois de demain.
Pour Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), les enjeux d’hier et d’aujourd’hui quant à la littératie, l’alphabétisation et la francisation en milieu de travail sont sensiblement les mêmes, à une exception près: «Ça va vite! La numérisation, l’automatisation, l’intelligence artificielle, l’atteinte de nouvelles cibles environnementales, et j’en passe, font en sorte que le travail est en mouvement perpétuel. On fait face à des mutations dans des emplois qui demandent plus de qualifications. »
Et pour pallier cette nouvelle réalité, Daniel Boyer signale qu’il y a beaucoup de chemin à faire. «En matière de francisation, on accueille de plus en plus d’immigrants et il faut leur permettre d’acquérir des compétences en français pour qu’ils deviennent des citoyens de plein droit. Et pour ceux qui sont analphabètes, il faut leur permettre d’acquérir des compétences minimales en matière de langue et de mathématiques pour qu’eux aussi puissent devenir des citoyens à part entière. Sans le français et les mathématiques, je suis un travailleur et un citoyen soumis, je n’ai pas de ressources pour me défendre. »
Pour bon nombre d’immigrants ne maîtrisant pas la langue française, les défis s’apparentent à ceux des individus qui n’arrivent pas à lire ou à écrire. Ainsi, dans les deux cas, selon Daniel Boyer, le milieu de travail peut jouer un rôle-clé dans le développement des compétences linguistiques. « Dans le cas d’immigrants qui ne connaissent pas suffisamment la langue française, ils continuent de parler leur langue maternelle dans le milieu familial et social, note
M. Boyer. Souvent, le seul endroit où ils pourront s’intégrer en parlant français, c’est dans leur milieu de travail, c’est pourquoi on devrait leur donner la possibilité de l’apprendre.»
Des compressions qui inquiètent
«On a eu des diminutions de budget depuis que le Parti libéral est au pouvoir. C’est inquiétant, déplore Daniel Boyer. Pourtant, il admet que l’aide gouvernementale est là, mais il constate qu’elle n’est pas suffisante pour que les employeurs puissent investir une partie de leur masse salariale pour former les gens et leur permettre d’acquérir à la fois des compétences de base, mais aussi des aptitudes qui leur permettront d’occuper les emplois de demain. « Que ce soit par son réseau de l’éducation ou par ses programmes qui visent les nouveaux arrivants, que ce soit par les programmes de formation professionnelle offerts par la Commission des partenaires du marché du travail ou Emploi-Québec, l’État devrait s’impliquer davantage. Comme société, on a tout intérêt à le faire», poursuit le président de la FTQ.