Washington veut de nouvelles sanctions
Les États-Unis ont annoncé lundi la négociation à l’ONU d’une nouvelle ébauche de résolution de sanctions contre la Corée du Nord qu’ils veulent voir approuver le 11 septembre. Lors de cette réunion d’urgence du Conseil de sécurité, Pékin et Moscou ont plutôt prôné le « dialogue ».
La France et la Grande-Bretagne, autres membres permanents du Conseil, ainsi que le Japon, membre non permanent, ont aussi affirmé être favorables à de nouvelles sanctions, au lendemain d’un sixième essai nucléaire nord-coréen.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a également exhorté le Conseil de sécurité à «prendre d’autres mesures décisives» contre la Corée du Nord, qui a procédé à son plus puissant essai nucléaire, dimanche. Dans un communiqué, Justin Trudeau a « condamné sans équivoque» ce nouveau test du régime communiste, qui selon lui «représente une menace réelle» à l’endroit des pays voisins et de la communauté internationale en général.
«Nous verrons ce qu’il y a dans le projet de résolution», a pour sa part déclaré après la réunion l’ambassadeur russe auprès de l’ONU, Vassily Nebenzia. Mais « des sanctions seules n’aideront pas à trouver une solution et je ne suis pas sûr qu’elles influenceront l’autre partie», a-t-il ajouté.
La position de la Chine sur un huitième train de sanctions n’est pas connue. Pékin, premier soutien de Pyongyang, est un acteur clé dans la problématique nord-coréenne. Le 5 août, la Chine s’était jointe aux 14 autres membres du Conseil de sécurité pour adopter des sanctions sévères contre la Corée du Nord, visant à priver ce pays d’un milliard de dollars par an de recettes tirées de ses exportations dans les domaines du fer, du charbon et de la pêche.
La Chine est le destinataire de 90% des exportations nord-coréennes. Accusé dans le passé de n’avoir pas appliqué à la lettre les résolutions de l’ONU, Pékin avait promis en août un respect rigoureux.
La crise avec la Corée du Nord «doit être résolue de manière pacifique», a déclaré devant le Conseil de sécurité l’ambassadeur chinois à l’ONU, Liu Jieyi. «Grâce au dialogue, nous pouvons aboutir à une dénucléarisation de la péninsule coréenne», a-t-il ajouté.
Stock de sanctions
Les États-Unis n’ont pas précisé les domaines qui pourraient être visés par de nouvelles sanctions. «Trop, c’est trop», il faut que l’ONU prenne «les mesures les plus fortes possible», car «l’heure est venue de cesser les demi-mesures», a déclaré l’ambassadrice américaine Nikki Haley.
Selon des diplomates, les États-Unis ont un stock de sanctions à proposer à l’ONU et, selon
l’un d’eux, il faut attendre que «Pékin en prenne un bout». Parmi les nouvelles mesures pourraient figurer un renvoi en Corée du Nord des expatriés nord-coréens, source de revenus importante pour Pyongyang, ou des sanctions touchant le textile ou pour la première fois le secteur du pétrole.
Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont insisté lundi sur «l’urgence» d’une nouvelle réponse de la communauté internationale après l’essai nucléaire dimanche de la Corée du Nord à un niveau inégalé. La Corée du Nord pourrait avoir désormais la capacité de mettre une bombe nucléaire sur un missile pouvant toucher les États-Unis, mais les Occidentaux n’en ont pas de certitude absolue à ce stade.
La nouvelle focalisation de l’ONU, cette semaine, sur la Corée du Nord intervient alors que le régime de Kim Jong-un semble se préparer à un nouveau tir de missile balistique.
Sang froid
La bombe à hydrogène que Pyongyang a fait exploser dimanche avait une puissance estimée à 50 kilotonnes, soit cinq fois plus que le précédent test nord-coréen, et plus de trois fois plus que la bombe américaine lâchée sur Hiroshima en 1945, selon des responsables sud-coréens.
Pour éviter la course à la surenchère entre Américains et Nord-Coréens, la Chine et la Russie ont récemment proposé une approche «gel contre gel». Pékin et Moscou ont proposé une suspension des manoeuvres américano-sud-coréennes contre un gel des programmes d’armement nord-coréens. Mais Nikki Haley a sèchement rejeté lundi cette offre. «Nous ne le ferons pas» car «on ne peut baisser la garde» alors que le régime nordcoréen «ne demande qu’une chose, la guerre», a-t-elle dit.
Son homologue russe a insisté pour que les pays membres du Conseil de sécurité «préservent leur sang-froid» et ne se «laissent pas déborder par des émotions». Avec ces propos, il a semblé viser implicitement le président américain Donald Trump qui avait promis il y a quelques semaines « le feu et la fureur » à son homologue nord-coréen s’il continuait à provoquer la communauté internationale.
Les États-Unis avaient menacé dimanche le Nord d’une «réponse militaire massive» au cas où il menacerait leur territoire ou celui de leurs alliés. Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a cependant souligné que Washington ne recherchait pas « l’anéantissement total » du pays reclus.