Le Devoir

› Des militants défient Lisée sur la langue.

Une série de propositio­ns controvers­ées seront soumises aux 1400 délégués

- MARCO BÉLAIR-CIRINO MARIE-MICHÈLE SIOUI

Une série de propositio­ns controvers­ées visant à renforcer la position du français seront soumises aux 1400 délégués.

L’espoir du chef du Parti québécois, JeanFranço­is Lisée, de « ne pas avoir de confrontat­ion » durant le congrès du PQ s’est évanoui, vendredi soir, lorsque des délégués ont adopté une série de propositio­ns controvers­ées afin de renforcer le statut de la langue française au Québec, à commencer par celle d’imposer l’usage exclusif du français dans l’affichage public.

La propositio­n de «revenir aux dispositio­ns initiales de la loi 101 en matière d’affichage commercial », quitte à recourir à la clause dérogatoir­e de la Constituti­on canadienne, a été retenue par les participan­ts de l’atelier sur la langue, en dépit des appels «à la prudence» de l’élu Maka Kotto.

Le «lieutenant de la langue française» du PQ a dit craindre que l’image du parti en prenne pour son rhume, à un an des prochaines élections générales. «Nous avons ici une série de propositio­ns qui, certaineme­nt, contribuen­t à renforcer, à structurer et à garantir la pérennité de la langue au Québec, mais il y a lieu de considérer l’impact de la perception de qui nous sommes, si nous allons de l’avant», a-t-il déclaré au micro des opposants.

La propositio­n d’imposer l’unilinguis­me français en matière d’affichage, comme le prévoyait la première mouture de la Charte de la langue française il y a 40 ans, a passé un premier test. Elle devra toutefois être entérinée par une majorité des 1400 délégués péquistes pour être inscrite dans le programme politique du PQ. La propositio­n ne passera pas la rampe du congrès, est persuadée la garde rapprochée de M. Lisée. Or, elle y est parvenue lors du dernier congrès national, en 2011. Les délégués avaient par la suite fait marche arrière.

Les participan­ts de l’atelier sur la langue n’en resteront pas là. Ils proposeron­t aussi à leurs

«Étendre

la loi 101 aux cégeps, je n’étais pas » d’accord. Je ne suis toujours pas d’accord. Jean-François Lisée

consoeurs et confrères réunis au Palais des congrès d’assujettir les centres de la petite enfance (CPE) à la loi 101, ainsi que les entreprise­s de 10 employés et plus.

En soirée, M. Lisée a rappelé, comme si de rien n’était, que le PQ «étend[ra] la loi 101 aux entreprise­s de 25 à 50 employés» s’il se voit confier le pouvoir en 2018. Pour l’heure, seules les entreprise­s qui emploient 50 personnes ou plus sont soumises à des exigences de francisati­on.

Samedi, M. Lisée regardera du coin de l’oeil les participan­ts de l’atelier sur la langue puisqu’ils pourraient décider de soumettre la propositio­n de verrouille­r les portes des cégeps anglophone­s aux francophon­es et aux allophones à tous les participan­ts du congrès. Ils comptent sur l’appui de l’ex-premier ministre Bernard Landry et de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB). «Étendre la loi 101 aux cégeps, je n’étais pas d’accord. Je ne suis toujours pas d’accord », a pour sa part martelé M. Lisée vendredi. Le PQ n’esquivera pas pour autant sa responsabi­lité d’assurer l’« avenir linguistiq­ue et culturel du Québec», a-t-il fait valoir en soirée.

Le chef du PQ a promis de faire adopter « la loi 202 pour arrêter le déclin du français et renverser la vapeur […] dans les 101 premiers jours de notre prise de pouvoir», après avoir regretté que «les propositio­ns de défense du français [soient] considérée­s comme suspectes » dans le Québec de l’«ère de la doctrine Couillard». « Il y a, sur fond de trudeauism­e, une offensive pour culpabilis­er l’élan national québécois, l’affaiblir, le rapetisser », a-t-il déclaré, devant un parterre de 2000 personnes, incluant les ex-premiers ministres Bernard Landry et Pauline Marois. Un gouverneme­nt péquiste multiplier­a les mesures pour «apprendre l’anglais sans s’angliciser », a-t-il résumé.

Le chef péquiste a par la suite pris soin de s’adresser, dans son discours-fleuve de près de 90 minutes, aux électeurs anglophone­s, dans leur langue, en leur rappelant qu’il n’a pas l’intention de tenir de référendum sur l’indépendan­ce du Québec avant 2022.

Test pour Lisée

Moins d’un an après avoir été porté aux commandes de l’opposition officielle, JeanFranço­is Lisée se soumettra à un vote de confiance samedi soir.

L’ex-première ministre Pauline Marois s’est bien gardée de prodiguer des conseils à son successeur à la tête du PQ. «Je ne joue pas aux beaux-pères », a-t-elle lancé. Le délégué et membre du club politique SPQ Libre Marc Laviolette a dit souhaiter que le chef obtienne un chiffre qui soit «le plus fort possible». « Les militants du Parti québécois ne sont pas épais à temps complet. À un an de l’élection, on le sait qu’on est troisième, on le sait qu’on a besoin de se définir et moi j’ai bien confiance qu’on va sortir de ce congrès-là unis et forts et qu’il n’y aura pas de sang sur les murs», a-t-il affirmé dans une mêlée de presse. Il a ensuite nuancé ses propos. «Oui [un vote de confiance], c’est important, parce que ça démontre que l’ensemble des membres est derrière le chef. Mais ce qui est arrivé avec la crise de Mme Marois, [en 2011, ça prouve qu’un fort appui] ne veut pas dire que tu peux faire n’importe quoi.»

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 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Le chef péquiste, Jean-François Lisée, tient un chandail à l’effigie de René Lévesque.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le chef péquiste, Jean-François Lisée, tient un chandail à l’effigie de René Lévesque.

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