Le Devoir

Un leader musulman doute de la thèse du loup solitaire

La date du procès d’Alexandre Bissonnett­e pourrait être fixée avant Noël

- ISABELLE PORTER à Québec

La multiplica­tion des gestes à caractère haineux visant le Centre culturel islamique de Québec mène son vice-président à se demander si Alexandre Bissonnett­e a planifié seul l’attaque de la mosquée, le 30 janvier, comme on l’a cru jusqu’à présent.

« Il faut que [...] son réseau soit démantelé, trouvé et qu’on puisse passer à autre chose», a déclaré le vice-président de la mosquée, Boufeldja Benabdalla­h, vendredi, en marge du bref retour devant le tribunal de l’accusé. «S’il est à la tête d’un réseau, il faut que ce soit explicité, démantelé. »

Invité à préciser ce qu’il entendait par « réseau», il a évoqué les autres gestes haineux posés contre la mosquée ces derniers mois. «Je ne sais pas, c’est cette immensité d’intoléranc­e de groupes qui n’arrêtent pas de viser des citoyens musulmans québécois. C’est pas anodin, il y a quelque chose dans l’air. […] Ce n’est pas uniquement une personne, c’est plusieurs personnes. La preuve, c’est qu’on a été injuriés, attaqués […] excréments, brûlage de la voiture du président, tête de cochon. […] Ça n’arrête pas. Il y a une connivence quelque part», a dit M. Benabdalla­h.

Or, pour l’heure, aucun élément de preuve n’a permis d’attester cette hypothèse et le procès de l’accusé n’a pas encore débuté.

Rappelons que l’auteur de la fusillade au Centre culturel islamique, Alexandre Bissonnett­e, était de retour devant le tribunal vendredi matin. Âgé de 27 ans, M. Bissonnett­e fait face à 11 chefs d’accusation de meurtre prémédité et de tentative de meurtre sur des fidèles de la mosquée de Québec, le 30 janvier dernier.

Lors d’un bref échange en matinée, la Couronne a fait savoir qu’elle avait pratiqueme­nt terminé la divulgatio­n de la preuve. L’ensemble de l’extraction informatiq­ue réalisée par la GRC sur l’ordinateur de l’accusé a notamment été déposé.

Les parties ont convenu de se retrouver devant le tribunal le 2 octobre. La défense a demandé à ce que l’accusé ne soit pas présent à cette occasion. Le juge Alain Morand a également entendu les avocats des médias qui souhaitent rendre publics certains documents du dossier.

Plus de huit mois après la tragédie, le représenta­nt de la mosquée n’a pas caché qu’il trouvait que le processus judiciaire était lent. « Il faut que ça se termine.» Tout en disant « faire confiance aux autorisés», M. Benabdalla­h a ajouté que les familles des victimes commençaie­nt à être « tannées » et à avoir hâte que le procès aboutisse.

«Il faut que les familles puissent vivre leur deuil de façon sereine », a-t-il ajouté. « Dans leur tête et leur coeur, rien n’est encore tranquille.»

L’avocate représenta­nt la mosquée, Me Ariane Gagnon-Rocque, a dit espérer qu’on puisse fixer la date du procès avant Noël. « Il y a une étape importance qui a été franchie avec la divulgatio­n de la preuve», a précisé l’avocate, dont l’étude légale représente la mosquée pro bono. Le système judiciaire, a-t-elle souligné, a pris les mesures nécessaire­s pour s’assurer qu’on ne dépasse pas les délais prévus dans l’arrêt Jordan.

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