Le Devoir

Meurtre dans un Maxi : début du procès de Randy Tshilumba

- AMÉLI PINEDA

L’homme accusé du meurtre prémédité d’une employée d’un supermarch­é Maxi, à Montréal, l’aurait poignardée à 14 reprises quelques jours après qu’elle a refusé de lui donner son numéro de téléphone, a soutenu la procureure de la Couronne vendredi.

Randy Tshilumba est accusé d’avoir tué Clémence BeaulieuPa­try, une femme de 20 ans, le 10 avril 2016.

La procureure de la Couronne, Me Catherine Perreault, compte démontrer que M. Tshilumba avait planifié le meurtre de Clémence Beaulieu-Patry.

Dans les semaines précédant le drame, l’accusé aurait rôdé dans l’épicerie où travaillai­t la victime, puisqu’il s’y serait présenté trois fois « sans y faire d’achat».

Quelques jours avant le drame, le 4 avril, l’accusé aurait abordé Clémence Beaulieu-Patry au Maxi pour lui demander son nom, son numéro de téléphone et de sortir avec lui. Elle aurait refusé.

Le soir du drame, l’employée devait finir son quart de travail à 20h, mais elle avait dépanné sa gérante en restant plus longtemps.

M. Tshilumba se serait dirigé vers Clémence avec un couteau de chasse et l’aurait poignardée à de multiples reprises avant de prendre la fuite.

Selon deux amies de la victime, qui ont témoigné vendredi, l’accusé avait fréquenté la même école secondaire que Clémence, mais ils n’étaient pas amis. Les deux jeunes filles ont indiqué que Clémence ne leur a jamais parlé des avances de M. Tshilumba.

Une d’entre elles, Myriam Ben Saïd, a raconté avoir elle aussi reçu la visite de M. Tshilumba sur son lieu de travail, un magasin de chaussures des Galeries d’Anjou, quelques semaines avant le décès de sa meilleure amie.

«Il est venu directemen­t vers moi. Il m’a demandé pour des chaussures de basket», a-t-elle mentionné. « Il m’a regardée et m’a dit: “Toi, c’est Myriam, tu allais à [l’école secondaire] LouisRiel.” J’ai dit oui. Il m’a dit: “Je suis Randy” et là j’ai dit: “Ah oui, tu me disais quelque chose.”»

L’étudiante, qui se trouvait avec sa gérante, a ensuite raconté que l’accusé avait l’air stressé. «Il avait l’air pressé, il parlait vite, il suait beaucoup. Je me rappelle que je me demandais pourquoi», a-t-elle indiqué. Elle a ajouté que l’homme bégayait beaucoup et qu’il est finalement reparti en lui disant qu’il allait repasser.

Lorsqu’il a quitté la boutique, Mme Ben Saïd a dit s’être adressée à sa gérante en lui disant: « C’était vraiment bizarre ».

Mme Ben Saïd a été la seule témoin a être contre-interrogée par la défense vendredi. Me Philippe Larochelle, l’avocat de M. Tshilumba, a insisté sur l’état «bizarre» de son client lors du contre-interrogat­oire.

Le dernier souffle de Clémence Beaulieu-Patry

Six témoins ont livré des témoignage­s bouleversa­nts, souvent la voix brisée par l’émotion, lors de cette première journée de procès. Quatre clients du Maxi ont notamment raconté comment ils ont tenté de sauver Clémence Beaulieu-Patry, jusqu’à son dernier souffle.

Pascale Nadège Joseph faisait son épicerie avec son conjoint et sa fille de quatre ans lorsqu’elle a cru voir les deux jeunes se «chamailler», jusqu’à ce qu’elle voie « une machette ». «Il l’a tenait [la victime], elle était dos à lui. Un bras s’est levé et j’ai vu un reflet», a expliqué en tremblant Mme Joseph, qui peinait à décrire ce qu’elle a vu.

Elle a expliqué avec difficulté ce qu’elle a entendu ce soir-là avant de confier avoir cru percevoir le dernier souffle de la victime.

Son mari, Jean Willem Lahens, qui se trouvait dans une autre rangée de l’épicerie, est venu vers Mme Joseph lorsqu’il l’a entendue crier.

«Je l’ai vu déposer Clémence par terre. J’ai crié: “Hey, le malade”. Il s’est retourné et est parti à courir», a-t-il dit. L’homme a tenté de rattraper l’accusé, mais celui-ci a réussi à sortir du Maxi. M. Lahens est alors revenu porter secours à Clémence pendant que sa femme tentait de cacher la scène à leur petite fille.

Philippe Desrosiers a quant à lui décrit la scène de panique qu’il a découverte en courant vers les cris qu’il a entendus en faisant ses courses avec sa mère. «C’était difficile à vivre. C’était comme le chaos. Le monde criait, des gens partaient en choc post-traumatiqu­e », a-t-il souligné.

Claudelle Calvé, une infirmière qui se trouvait au Maxi, a quant à elle indiqué que la gravité des blessures était si importante qu’elle est convaincue que les soins qu’elle a portés à la victime n’ont rien changé.

Le procès se poursuit lundi et devrait durer cinq semaines.

Il est accusé d’avoir tué Clémence BeaulieuPa­try, 20 ans, le 10 avril 2016

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