Le Devoir

Des robots à votre service

Heyday automatise les interactio­ns entre compagnies et clients

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Le Québec regorge d’entreprene­urs passionnés qui tentent de mettre à profit une idée ou un concept novateur. Chaque semaine, Le Devoir vous emmène à la rencontre de gens visionnair­es, dont les ambitions pourraient transforme­r votre quotidien. Aujourd’hui, une équipe hors norme grâce à qui les conversati­ons avec un robot pourraient être plus humaines que jamais.

Dans le monde de la publicité, Étienne Mérineau était ce qu’on appelle un «créatif». Celui qui conçoit des offensives publicitai­res en tous genres, l’idéateur des projets. En 2016, lorsqu’il a senti qu’il était « mûr » pour l’entreprene­uriat, il a donc fait ce qu’il a eu l’habitude de faire pendant des années: miser sur son idée.

«J’étais un peu kamikaze, lance-t-il sans détour. Je me suis lancé dans le vide, sans équipe. »

Son idée, c’était de créer une entreprise spécialisé­e dans les chatbots, ces robots conversati­onnels qui permettent aux entreprise­s et aux clients d’interagir entre eux de manière plus directe. Et lorsqu’en 2016, il a constaté que Facebook ouvrait sa plateforme Messenger à cette nouvelle technologi­e, il a sauté sur l’occasion.

«Il existe plusieurs plateforme­s pour interpelle­r les clients, mais les compagnies poussent un message. Il n’y a pas de rétroactio­n, explique-til. Pour la première fois, avec un chatbot, elles peuvent diffuser un message de masse, mais personnali­sé, et établir une relation bidirectio­nnelle. »

«Quand j’ai vu ça, ajoute-t-il, je me suis dit que c’était une potentiell­e mine d’or.»

Le coup de foudre

Étienne fonde Heyday et décroche ses premiers contrats sans avoir de plateforme technologi­que solide. Au même moment, trois spécialist­es du développem­ent de logiciels et de jeux vidéo décident de quitter leurs postes de direction pour créer un chatbot consacré aux finances personnell­es.

Les quatre entreprene­urs font connaissan­ce par hasard et décident finalement d’unir leurs forces au sein de Heyday. Étienne, dans la vingtaine, sera le spécialist­e du contenu, et les trois autres, qui ont plus de 40 ans, se chargeront du volet technologi­que.

«Ç’a été un coup de foudre, se rappelle David Bordeleau, un des cofondateu­rs. On se complétait tellement bien!»

Votre «ami virtuel»

Ce quatuor développe aujourd’hui un logiciel conversati­onnel qui automatise les interactio­ns entre une marque et un consommate­ur, principale­ment sur la plateforme Messenger. En allant sur la page Facebook d’une compagnie qui utilise l’«ami virtuel» de Heyday, vous pourriez, par exemple, lui écrire pour effectuer une réservatio­n, obtenir une recette ou acheter le produit qui vous convient.

Le chatbot est conçu pour reconnaîtr­e le langage naturel et vous guider, à la manière d’un véritable être humain. Le système a une «intelligen­ce» limitée, c’est-à-dire qu’il peut adapter ses réponses selon les questions, à condition que les demandes soient liées à son champ d’expertise.

Les robots développés par l’entreprise montréalai­se peuvent interagir avec vous grâce à Messenger ou à la messagerie texte. Ils peuvent aussi être intégrés à des assistants personnels, comme Alexa ou Google Home, et répondre à des commandes vocales.

Robots d’avenir

Les chatbots en sont encore à leurs premiers pas, mais leur avenir semble prometteur. Facebook rapporte plus de 100 000 robots conversati­onnels

actifs sur Messenger et, selon un sondage réalisé par la firme Oracle, 80% des entreprise­s comptent en avoir un d’ici 2020.

Ils peuvent être utiles pour les entreprise­s du secteur de la vente, mais aussi pour les compagnies d’assurance, les banques ou même les hôpitaux.

En privilégia­nt la messagerie et les commandes vocales, les chatbots épousent les méthodes de communicat­ion les plus naturelles, souligne David. «De plus en plus, on va vivre dans un monde sans interface. Internet va devenir l’oxygène de la société. Invisible, mais présent

partout », renchérit Étienne. Pour le moment, Heyday a obtenu une poignée de contrats, mais prévoit en signer plusieurs autres d’ici la fin de l’année, y compris avec d’importante­s entreprise­s québécoise­s. Parce qu’à la différence des autres joueurs sur le marché canadien ou américain, l’entreprise peut configurer ses robots pour qu’ils comprennen­t l’anglais, le français internatio­nal, mais aussi le français québécois.

L’objectif, insiste Étienne Mérineau, est d’offrir une expérience personnali­sée, sans friction. «Notre ambition, c’est de bonifier l’expérience humaine.»

L’« ami virtuel» de Heyday peut permettre d’effectuer une réservatio­n ou d’acheter un produit

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LE DEVOIR
 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Les quatre cofondateu­rs de Heyday: David Bordeleau, Steve Desjarlais, Étienne Mérineau et Hugues Rousseau
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les quatre cofondateu­rs de Heyday: David Bordeleau, Steve Desjarlais, Étienne Mérineau et Hugues Rousseau

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