Le Devoir

La Belgique saisit la justice européenne sur l’AECG

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Luxembourg — La Belgique a officielle­ment saisi la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour lui demander de vérifier la conformité de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, l’Accord économique commercial global (AECG), avec le droit européen, a-t-on appris vendredi auprès de la juridictio­n.

«La demande d’avis a été déposée jeudi en fin d’aprèsmidi », a précisé la CJUE à l’Agence France-Presse.

Le gouverneme­nt fédéral belge s’était engagé en octobre 2016 à saisir la Cour européenne auprès du Parlement de la région francophon­e de Wallonie, qui s’opposait alors à l’accord, bloquant sa signature par l’UE.

La requête porte, comme la Belgique l’avait alors annoncé, «sur la compatibil­ité du Système juridictio­nnel des investisse­ments [ICS] avec les traités européens », avait précisé mercredi le ministère belge des Affaires étrangères dans un communiqué annonçant cette demande d’avis. L’ICS est un système réformé de règlement des différends entre États et investisse­urs. Il constitue la première étape en vue de l’établissem­ent d’une cour multilatér­ale des investisse­ments, que l’UE espère à terme mettre en place dans l’ensemble de ses accords de libre-échange pour trancher les conflits.

La possibilit­é donnée, dans les accords commerciau­x, à une multinatio­nale investissa­nt à l’étranger de porter plainte contre un État qui adopterait une politique publique contraire à ses intérêts, afin de demander réparation, est très critiquée par certaines ONG. Ce mécanisme a par exemple permis à Philip Morris d’attaquer l’Uruguay pour sa politique antitabac, ou au géant minier Oceanagold de poursuivre le Salvador pour lui avoir refusé un permis d’exploitati­on pour raisons environnem­entales.

La CJUE devrait mettre au moins 18 mois avant de rendre un avis.

L’AECG entrera en vigueur de manière partielle et provisoire le 21 septembre 2017, mais ne sera pleinement mis en oeuvre qu’une fois ratifié par l’ensemble des parlements de l’Union européenne, une procédure qui prendra encore plusieurs mois. «Les dispositio­ns sur lesquelles porte la demande d’avis de la Belgique sont cependant exclues de cette applicatio­n provisoire», a précisé le ministère des Affaires étrangères.

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JOHN THYSM AGENCE FRANCE-PRESSE Une bannière contre le CETA (AECG, en français), placée devant le parlement de Wallonie à Namur, l’automne dernier

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