Le Devoir

L’ONU adopte à l’unanimité une nouvelle batterie de sanctions

- PHILIPPE RATER aux Nations unies

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi à l’unanimité et à l’initiative des États-Unis une nouvelle batterie de sanctions contre la Corée du Nord, interdisan­t ses exportatio­ns de textile et réduisant son approvisio­nnement en pétrole et en gaz.

Cette huitième série de mesures, soutenue par la Chine et la Russie, les plus proches soutiens de la Corée du Nord, vise à punir ce pays pour son essai nucléaire du 3 septembre. Par ses sanctions, chaque fois plus sévères, l’ONU veut pousser Pyongyang à négocier ses programmes d’armement nucléaire et convention­nel, jugés menaçants pour la stabilité mondiale.

Pour les États-Unis, le Royaume uni, la France ou l’Italie, la résolution adoptée lundi est «très solide», «équilibrée» et permet à l’ONU d’affirmer «unité» et « déterminat­ion ».

Le premier projet de texte américain, rendu public mercredi, était « maximal » sur «absolument tout», selon les termes d’un diplomate. Il prévoyait un embargo total sur le pétrole, les produits pétroliers et le gaz, le renvoi en Corée du Nord de ses expatriés (environ 93 000 selon Washington), le gel des avoirs de Kim Jong-Un, l’interdicti­on d’importer du textile nord-coréen et des inspection­s par la force de navires en haute mer suspectés de violer les résolution­s de l’ONU.

Pour s’assurer du soutien de la Russie et de la Chine lors du vote, Washington a dû revoir à la baisse ses prétention­s et renforcer les paragraphe­s liés à la recherche d’une solution « pacifique » à la crise.

Après plusieurs jours de négociatio­ns intensives, l’embargo sur le gaz naturel a été gardé mais pour le pétrole, les ventes seront limitées à 500 000 barils pendant trois mois à partir du 1er octobre pour passer à 2 millions de barils à partir du 1er janvier pour une période de 12 mois.

Cela représente une réduction de 10% des produits pétroliers, selon le départemen­t américain de l’Énergie, qui estime à 2,2 millions de barils les importatio­ns nord-coréennes. Pyongyang importe essentiell­ement de l’essence et du diesel de Chine, selon les États-Unis. «C’est un pied dans la porte», a fait valoir un diplomate sous couvert d’anonymat, pour qui, même avec des concession­s, le texte adopté reste très fort.

Les demandes de Moscou

Lors des discussion­s, le gel des avoirs du dirigeant nordcoréen, dont Moscou ne voulait pas, a été retiré du texte. Les États-Unis ayant assuré ne pas vouloir de changement de régime, il est difficile de viser directemen­t Kim Jong-un, a plaidé Moscou, selon une source diplomatiq­ue.

L’interdicti­on concernant le textile n’a pas posé de problème. Les mesures concernant les expatriés nord-coréens et les inspection­s de navires suspects sont moins strictes que dans le texte initial, surtout à la demande de Moscou, selon des diplomates. La Russie ferait travailler quelque 35 000 expatriés nord-coréens.

Lors de la dernière résolution de sanctions, adoptée le 5 août, le nombre de travailleu­rs expatriés nord-coréens avait été plafonné. La nouvelle résolution prévoit une informatio­n sur l’échéance des contrats de travail de ces expatriés.

La nouvelle résolution ajoute Pak Yong Sik, un des responsabl­es du programme de missiles, sur une liste noire en même temps que trois agences nordcoréen­nes, dont celle responsabl­e de la propagande du régime.

Précédant l’adoption du texte, la Corée du Nord avait exprimé haut et fort son opposition aux nouvelles mesures.

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