Le Devoir

Irma donne des maux de tête aux agences de voyages et à leurs clients

- JULIEN ARSENAULT

Irma donne des maux de tête aux agences de voyages, qui peinent à répondre aux nombreuses questions de leurs clients prévoyant s’envoler prochainem­ent vers certaines destinatio­ns des Antilles ravagées par le passage de l’ouragan.

«Le volume d’appels est beaucoup plus important, explique Annie Prémont, propriétai­re de Club Voyages Prémont, qui exploite quatre points de vente. Nous recevons l’informatio­n au compte-gouttes. Les voyagistes gèrent les cas urgents. » Accompagné de puissants vents, Irma a ravagé des endroits comme Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Barbuda ainsi qu’Anguilla en plus de déferler sur certains endroits prisés par les touristes à Cuba, comme Cayo Coco et Cayo Santa Maria.

Même si elles tentent de rassurer leurs clients, les agences, qui vendent les forfaits de voyagistes comme Transat A. T. ou Sunwing, ne peuvent pas encore dire ce qui arrivera à ceux dont le départ est prévu au cours des prochaines semaines. «Notre problème, c’est que nous sommes tributaire­s des informatio­ns des voyagistes, qui eux, attendent des informatio­ns des hôteliers sur place, affirme le viceprésid­ent de l’exploitati­on chez Voyages Bergeron, Fabrice Bozon. À Cuba, c’est un peu chaotique. » Ce dernier affirme que le volume d’appels «est multiplié par dix» en raison de cette situation exceptionn­elle.

Le son de cloche est similaire du côté de Voyages Collection Monde, située à SainteMart­he-sur-le-Lac, où sa propriétai­re, Judith Bélisle, tente de gérer un véritable cassetête au chapitre de la logistique. Celle-ci dit être sans réponse devant les interrogat­ions de clients ayant réservé, par exemple, à Cayo Santa Maria pendant le temps des Fêtes, et qui craignent que l’hôtel dans lequel ils doivent séjourner ait été endommagé ou détruit. «Même pour nos clients qui doivent partir en octobre, les voyagistes ne nous répondent pas pour le moment», explique Mme Bélisle.

Par sa politique sur les ouragans, Transat A. T. propose ainsi aux voyageurs qui devaient s’envoler vers Fort Lauderdale en Floride ou Varadero, Cayo Coco, Santa Clara et Holguin à Cuba de retarder leur séjour ou d’en modifier la destinatio­n. Une porte-parole, Debbie Cabana, a expliqué par courriel qu’entre-temps, la situation était évaluée « dans chacune de nos destinatio­ns ».

Une assurance disponible

Lorsqu’un voyagiste détermine qu’un complexe hôtelier est en état d’accueillir des voyageurs, ceux-ci ne peuvent changer leur fusil d’épaule et récupérer leur argent — à moins de détenir une assurance permettant d’annuler

un séjour à tout moment.

Chez Club Voyages Prémont, environ 30% de la clientèle opte pour cette protection, qui peut coûter de 200$ à 300$ par personne. «C’est une assurance plus dispendieu­se comparativ­ement à un produit qui dépend de clauses médicales ou de décrets gouverneme­ntaux, souligne Mme Prémont. Pendant la saison des ouragans, les prix sont moins élevés, mais ils reflètent ce risque. »

À l’Office de la protection du consommate­ur, on ne s’attend pas, pour le moment, à ce que la situation entourant Irma soit à l’origine d’une multitude de litiges entre consommate­urs et voyagistes. «Il va certaineme­nt y avoir des cas pas tout à fait clairs où la possibilit­é de voyager ou de ne pas voyager ne sera pas perçue de la même façon selon que l’on est le client ou le fournisseu­r», dit son porte-parole, Charles Tanguay.

Si des consommate­urs s’estiment lésés au terme de leur séjour, c’est à eux que revient la tâche de prouver que la destinatio­n n’était pas conforme à ce que l’on leur avait fait miroiter lors de la vente du voyage. «Il faut documenter le fai que le voyage ne valait pas la somme déboursée », fait valoir M. Tanguay.

Opinions divergente­s

Pour le moment, si Mme Prémont s’attend à une montée du prix des forfaits pour les Québécois qui voudront troquer la neige contre les plages cet hiver, M. Bozon s’attend à ce que l’impact soit limité. «S’il y a moins d’hôtels et de destinatio­ns, il peut y avoir un effet boule de neige sur les prix, croit la propriétai­re de Club Voyages Prémont. Nous n’avons pas eu un bel été. L’effet était déjà ressenti sur le nombre de réservatio­ns.»

Pour sa part, le vice-président de l’exploitati­on chez Voyages Bergeron croit que les voyagistes peuvent offrir de nouvelles destinatio­ns, ce qui devrait diminuer l’effet de rareté. À son avis, des endroits comme le Mexique et la Jamaïque pourraient être les «grands gagnants» de la « situation malheureus­e» provoquée par le passage de l’ouragan Irma dans les Antilles ainsi qu’en Floride.

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