Les minières boycottent les comités de sécurité des travailleurs, dénoncent les Métallos
L’Association minière du Québec «boycotte» depuis près d’un an des comités de travail sur la santé et la sécurité, dénonce le Syndicat des Métallos. Il demande donc au gouvernement de tout mettre en oeuvre pour améliorer la situation des travailleurs, après une fin de semaine au cours de laquelle trois mineurs ont été blessés et un tué au Québec.
L’Association minière du Québec (AMQ), qui représente les intérêts des entreprises du secteur, ne siège effectivement plus depuis plusieurs mois aux sous-comités de travail de la Commission des normes, de l’équité et de la santé et la sécurité (CNESST).
Cette situation compromet les efforts des dernières années pour améliorer la sécurité des travailleurs du secteur minier, selon ce qu’a fait valoir mardi le Syndicat des Métallos.
«Tout est paralysé en matière de prévention et d’élaboration de plans d’action en santé et sécurité du travail, a affirmé le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau. Nous dénonçons aujourd’hui l’AMQ, ce lobby des minières qui semble avoir donné un mot d’ordre de bouder les comités de la CNESST parce qu’ils ne sont pas d’accord avec une ordonnance. Ils se livrent à des avocasseries et à des enfantillages alors que des vies de travailleurs sont en jeu. »
Ce « boycottage » a été lancé à la suite d’une décision de la CNESST, qui a interdit le recours à une méthode précise d’extraction de minerai en présence de charges explosives. Une décision qui est d’ailleurs contestée par l’AMQ devant le Tribunal administratif du travail (TAT).
L’AMQ reconnaît que son absence aux rencontres des comités tenues sous l’égide de la CNESST est liée à ce dossier. Mais selon ce qu’a indiqué sa présidente-directrice générale, Josée Méthot, «il y a un manque de disponibilité» des représentants de l’industrie minière. Le «dossier compliqué» qui est actuellement débattu devant le TAT «mobilise toutes nos ressources», a-t-elle ajouté.
Prévention nécessaire
Les Métallos interpellent donc la ministre du Travail, Dominique Vien, lui demandant d’intervenir dans le dossier de la santé et de la sécurité des travailleurs du secteur minier.
Au cabinet de la ministre, on a dit mardi que des démarches formelles ont été entreprises auprès de la CNESST afin de lui demander de « convoquer les parties pour trouver une date pour une prochaine rencontre» des comités de travail sur la santé et la sécurité.
La ministre Vien demande aussi à l’AMQ de cesser son boycottage du travail des comités en question. « La ministre demande à l’AMQ de retourner siéger aux comitésconseils sur la santé et la sécurité. Ce n’est pas parce qu’il y a un dossier qui est actuellement devant le Tribunal administratif du travail qu’il faut bloquer tous les autres sujets qui concernent la prévention, mais aussi la santé et la sécurité au travail », a expliqué son attaché de presse, Florent Tanlet.
Du côté de l’AMQ, Mme Méthot a répliqué que les comités de la CNESST constituent « un moyen parmi tant d’autres de travailler à l’amélioration» de la santé et de la sécurité au travail. Elle a d’ailleurs réaffirmé que l’industrie « continue de travailler à la prévention des accidents » et à la « protection de la vie des travailleurs».
Des mots qui ne rassurent pas le Syndicat des Métallos. Ses représentants ont d’ailleurs rappelé que trois travailleurs ont été blessés dimanche à la mine Westwood, propriété d’Iamgold, en Abitibi. Un autre travailleur est mort samedi, cette fois à la mine Kiena, à Val-d’Or.
Selon des données fournies par la CNESST, on comptait plus de 670 travailleurs blessés en 2016 dans le secteur «mines, carrières et puits de pétrole» au Québec. La majorité des incidents sont liés au secteur minier. En moyenne, entre 2012 et 2016, on compte 703 travailleurs blessés chaque année. Le Syndicat des Métallos a aussi recensé 16 décès en 10 ans dans des mines du Québec.