Le Devoir

Quand l’austérité menace les faits

- LA COALITION DES SYNDICATS DE LA FONCTION PUBLIQUE DU QUÉBEC*

Depuis l’élection du gouverneme­nt de M. Philippe Couillard, l’Institut de la statistiqu­e du Québec (ISQ) est la cible de compressio­ns répétées de ses budgets et de ses effectifs. Seulement entre 2014-2015 et 2015-2016, l’organisme a subi une baisse de 18% de ses effectifs utilisés, conjuguée à une réduction de 17 % de ses dépenses réelles. Dans un organisme de la taille de l’ISQ, avec des coupes d’une telle ampleur, il est impossible de ne pas remettre en question la qualité des services offerts à la population. En conséquenc­e, l’ISQ a été contraint de lancer un appel à l’aide à ses partenaire­s, étant donné que ses ressources ne lui permettent plus de garantir la continuité d’une de ses principale­s études : l’Enquête sur la rémunérati­on globale au Québec (ERG).

Cette enquête est essentiell­e pour comparer de manière impartiale la rémunérati­on des salariés de l’État québécois avec celle des travailleu­ses et des travailleu­rs du Québec. L’heure est grave, et pour citer l’Institut lui-même : « en l’absence de financemen­t adéquat, des transforma­tions majeures devront être apportées aux livrables actuels ».

En contraigna­nt l’ISQ à réduire la portée de son enquête, le gouverneme­nt risque de compromett­re la possibilit­é de comparer l’évolution des écarts salariaux dans le temps. Déjà, l’enquête

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En contraigna­nt l’ISQ à réduire la portée de son enquête, le gouverneme­nt risque de compromett­re la possibilit­é de comparer

» l’évolution des écarts salariaux dans le temps

2016 n’a pu être réalisée dans la continuité que «grâce à la créativité et à l’engagement des ressources humaines de l’ISQ», toujours selon ces derniers. Cette étude est pourtant une partie intégrante de la loi constituti­ve de l’Institut. Si ses ressources ne suffisent plus à remplir cet élément essentiel, qu’en est-il du reste de sa mission ?

Cette volonté gouverneme­ntale de restreindr­e l’accès des citoyens aux données statistiqu­es de qualité provenant de l’ISQ n’est pas sans rappeler le comporteme­nt du gouverneme­nt Harper qui semblait s’être donné pour mission d’évacuer les faits vérifiable­s du débat public. Année après année, l’enquête sur la rémunérati­on globale vient démontrer de manière objective que les travailleu­ses et les travailleu­rs de la fonction publique du Québec sont sous-payés comparativ­ement à leurs équivalent­s dans le secteur privé ou dans d’autres administra­tions publiques. Estce pour faire taire ce fait dérangeant que le gouverneme­nt s’applique à priver l’Institut de la statistiqu­e du Québec des ressources qui lui seraient nécessaire­s pour continuer à bien faire son travail ?

Nous, les syndicats représenta­nt les travailleu­ses et des travailleu­rs de la fonction publique du Québec, demandons au gouverneme­nt de rétablir les subvention­s annuelles à l’ISQ afin que ses fonds propres lui permettent de remplir adéquateme­nt la mission qui lui a été confiée par sa loi constituti­ve, tant en ce qui concerne l’intégrité de l’Enquête sur la rémunérati­on globale au Québec (ERG) que pour ses autres mandats. Les Québécoise­s et les Québécois ont le droit d’avoir accès à des données statistiqu­es impartiale­s et de qualité concernant le marché du travail.

*Liste des signataire­s de la Coalition: Associatio­n des chirurgien­s dentistes du gouverneme­nt du Québec; Associatio­n profession­nelle des gardes du corps du gouverneme­nt du Québec; Associatio­n profession­nelle des ingénieurs du gouverneme­nt du Québec; Fraternité des constables du contrôle routier du Québec; Les avocats et notaires de l’État québécois; Syndicat de la fonction publique et parapubliq­ue du Québec; Syndicat de profession­nelles et profession­nels du gouverneme­nt du Québec; Syndicat des agents de protection de la faune du Québec; Syndicat des professeur­s de l’État du Québec; Syndicat profession­nel des médecins du gouverneme­nt du Québec.

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