Le Devoir

Cinq ex-ministres des Finances défendent le crédit d’impôt

Les anciens élus libéraux et péquistes proposent d’aider d’autres secteurs « à haute valeur ajoutée »

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Cinq anciens ministres des Finances du Québec, autant libéraux que péquistes, se portent à la défense du crédit d’impôt offert à l’industrie du jeu vidéo tout en proposant qu’une aide fiscale soit accordée à d’autres secteurs «à haute valeur ajoutée».

Dans une lettre ouverte publiée en page Idées ce mercredi, les libéraux Monique Jérôme-Forget, Raymond Bachand et Michel Audet de même que les péquistes Bernard Landry et Pauline Marois affirment que les crédits d’impôt qu’ils ont mis en place ou soutenus au cours de leur mandat ont conservé toute leur pertinence.

Ces ex-ministres ont senti le besoin de prendre position en faveur du crédit d’impôt pour la production de titres multimédia­s (CTMM), alors que des chefs d’entreprise­s technologi­ques québécoise­s et des chercheurs du Centre interunive­rsitaire de recherche en analyse des organisati­ons (CIRANO) ont récemment critiqué l’aide fiscale.

La rédaction de cette lettre, signée par les cinq ministres, a été coordonnée par Montréal internatio­nal, dont le mandat est d’attirer des investisse­ments étrangers dans la région métropolit­aine.

Leviers économique­s

Les anciens ministres libéraux et péquistes font valoir que la compétitio­n internatio­nale est forte pour attirer de grandes entreprise­s à coups d’incitatifs fiscaux, mais que le jeu en vaut la chandelle. «Les investisse­ments internatio­naux sont de puissants leviers de croissance économique», soulignent-ils, en précisant que, dans la région de Montréal, les filiales d’entreprise­s étrangères représente­nt 1% des établissem­ents, mais qu’elles contribuen­t à 10% de l’emploi et à 20% du PIB.

«Le passé nous démontre qu’on a fait des choix judicieux, insiste le vice-président, stratégie et communicat­ion de Montréal internatio­nal, Christian Bernard, en entrevue au Devoir. Aujourd’hui, nous sommes dans le «top 5» mondial en jeu vidéo et en effets visuels. La stratégie a porté ses fruits et elle s’est avérée rentable pour nos autorités gouverneme­ntales.»

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Aujourd’hui, nous sommes dans le « top 5 » mondial en jeu vidéo et en effets visuels. La stratégie a porté ses fruits Christian Bernard, vice-président, stratégie et communicat­ion de Montréal Internatio­nal

Pas de déplacemen­t d’emplois

Les auteurs de la lettre soutiennen­t par ailleurs que les secteurs à haute valeur ajoutée, comme celui du jeu vidéo, créent des emplois bien rémunérés qui stimulent l’ensemble de l’économie.

« Bien que plusieurs entreprise­s technologi­ques du Québec fassent face à des défis de recrutemen­t, on ne parle pas que de déplacemen­ts d’emplois; au contraire, les crédits d’impôt favorisent la création nette d’emplois technologi­ques », affirment-ils.

Les anciens élus répondent ainsi aux deux chercheurs du CIRANO qui, dans un rapport paru la semaine dernière, se sont demandé si le CTMM permet de créer de nouveaux emplois dans l’industrie du jeu vidéo ou s’il ne fait que déplacer une main-d’oeuvre qualifiée dont auraient besoin d’autres entreprise­s technologi­ques.

Élargir les crédits d’impôt

Les ex-ministres des Finances concluent leur lettre en rappelant que toutes les entreprise­s qui évoluent dans les secteurs admissible­s peuvent bénéficier des crédits d’impôt. Limiter leur accès aux entreprise­s locales «serait discrimina­toire et nuirait à une petite économie comme celle du Québec, dont la croissance est fondamenta­lement reliée à son degré d’ouverture économique», plaident-ils.

«Le gouverneme­nt du Québec devrait plutôt évaluer la possibilit­é d’élargir le périmètre des crédits d’impôt à d’autres secteurs à haute valeur ajoutée, au sein desquels la concurrenc­e fiscale est forte et qui présentent un fort potentiel de croissance», écrivent-ils, sans nommer les secteurs visés.

De son côté, M. Bernard, de Montréal internatio­nal, demande surtout au gouverneme­nt de demeurer à l’affût des tendances pour cibler les nouveaux secteurs qui mériteraie­nt d’être soutenus.

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