La politique du salaire minimum en Ontario coûtera 50 000 emplois
La perte pourrait être plus lourde, étant donné la rapidité de la hausse
Le critique financier de l’Ontario est sceptique en ce qui concerne la politique du salaire minimum du gouvernement. Il estime à environ 50 000 la perte d’emplois devant en résulter, une cible qualifiée de conservatrice.
Dans son rapport publié mardi, le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario (BRF) retient que «la proposition du gouvernement de relever le salaire minimum général de l’Ontario à 15$ l’heure fera considérablement augmenter le nombre de travailleurs au salaire minimum, qui passera d’un peu plus de 500 000 à 1,6 million de travailleurs en 2019». Il ajoute qu’à 15$ l’heure, les adultes et les travailleurs à temps plein représenteront la majorité des travailleurs au salaire minimum alors qu’actuellement, à 11,40$, cette majorité est composée d’adolescents, de jeunes adultes et des travailleurs à temps partiel.
L’impact se voulant également sensible sur les coûts salariaux des entreprises, il en résultera une perte nette de quelque 50 000 emplois une fois prises en compte les retombées économiques positives, soit environ 0,7% de l’emploi total, principalement chez les adolescents et les jeunes adultes. «Cependant, certains indices portent à croire que les pertes d’emplois pourraient être plus lourdes que les estimations du BRF. La hausse projetée du salaire minimum en Ontario est plus importante et plus rapide que les augmentations précédentes, ce qui pourrait inciter les entreprises à réduire leurs coûts de manière encore plus radicale », écrit-il.
La hausse augmentera le revenu total de 1,3 % d’ici 2019 en tenant compte de l’inflation. «Seulement un quart de cette hausse du revenu du travail profitera directement aux familles à faible revenu […] La hausse du salaire minimum ne sera pas un mécanisme d’intervention efficace pour réduire le taux de pauvreté.»
Le ministre du Travail Kevin Flynn a répondu au BRF en soulignant que la vigueur de l’économie ontarienne permettait à son gouvernement d’aller de l’avant. Il a également cité en appui des études favorables publiées ces dernières années par l’OCDE, le Centre canadien de politiques alternatives et le Center for Economic and Policy Research, ce dernier étant un centre de recherche basé à Washington présenté comme étant favorable à l’idéologie démocrate.
Et le ministre de marteler qu’« aucun travailleur ontarien à temps plein ne devrait éprouver de la difficulté à payer son loyer, à mettre de la nourriture sur la table et à prendre soin de sa famille, surtout dans le contexte où l’économie de la province se porte bien», peut-on lire dans un texte de La Presse canadienne.
L’Alberta en avance
En juillet dernier, le gouvernement de l’Ontario déposait un projet de loi visant notamment à faire passer le salaire minimum de 11,40$ actuellement à 14 $ en janvier 2018, puis à 15 $ en janvier 2019. L’Alberta avait donné le ton en septembre 2016 en adoptant le plan qui la mènera progressivement à un salaire minimum de 15$ l’heure en octobre 2018. Elle devenait ainsi la première province à emprunter cette voie.
Au Québec, le taux général du salaire minimum est passé à 11,25 $ en mai. En janvier dernier la ministre du Travail, Dominique Vien, avançait la cible de 12,45$ pour 2020. Québec fixait alors un échéancier d’augmentations sur plusieurs années et une cible équivalant à 50 % du salaire moyen. Après la hausse de 50¢ cette année, le gouvernement prévoit des augmentations de 50 ¢ en 2018, de 35 ¢ en 2019 et de 35 ¢ en 2020. La ministre liait alors la cible des 15 $ à la progression du salaire moyen