Le Devoir

Sabrine Djermane et Mahdi el-Jamali ont répondu à l’appel du groupe EI, plaide la Couronne

- AMÉLI PINEDA

Le jeune couple montréalai­s accusé d’activités terroriste­s a répondu à l’appel au djihad du groupe État islamique et songeait à construire des engins explosifs utilisable­s en sol canadien, entend démontrer la Couronne.

«Le groupe État islamique, un couple de jeunes adultes qui veulent quitter le Canada pour aller en Syrie rejoindre ce groupe terroriste et la découverte d’une recette pour faire une bombe avec une partie des ingrédient­s, voilà en une phrase ce que représente notre dossier», a résumé aux 12 membres du jury, la procureure fédérale Me Lyne Décarie.

Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali auraient été inspirés par une vidéo de propagande de John McGuire, un Canadien qui a adhéré au groupe État islamique.

« [John Maguire] s’adresse aux musulmans canadiens et ce qu’il dit c’est: “Les moudjahidi­nes continuent à vous exhorter à choisir entre la hijra (l’émigration) ou le djihad. Soit vous faites vos valises, soit vous préparez vos engins explosifs, soit vous achetez votre billet d’avion, soit vous aiguisez votre couteau.” […] La poursuite entend vous démontrer que [les accusés] ont répondu à cet appel», a exposé Me Décarie.

Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali font chacun face à quatre chefs d’accusation liés au terrorisme. Tous deux soigneusem­ent vêtus, les jeunes aujourd’hui âgés de 21 et 20 ans, ont calmement prononcé à tour de rôle les mots «non coupable» devant le jury.

Dans le condominiu­m que louait le couple sur la rue Aird dans le quartier Hochelaga, les policiers auraient trouvé une recette pour fabriquer une bombe, écrite par M. Jamali.

«Il s’agit d’une copie, mot à mot, d’une recette publiée par le groupe al-Qaïda dans le magazine [publié par l’organisati­on] », a souligné la procureure de la Couronne.

La résidence des parents de M. Jamali avait également été fouillée par les policiers. Ils y auraient mis la main sur un sac à dos appartenan­t au jeune homme qui contenait les ingrédient­s nécessaire­s à la fabricatio­n d’une bombe.

Dates clés

L’intérêt des policiers pour le couple Djermane-Jamali a été suscité par un appel d’une «source anonyme» inquiète du comporteme­nt des amoureux, le 10 avril 2015. Elle s’inquiétait notamment de l’affichage du drapeau du groupe EI sur la page Facebook du jeune homme a indiqué le premier témoin, le gendarme Keven Rouleau, enquêteur à la Gendarmeri­e royale canadienne.

Cette « plaignante », c’est une des soeurs de Mme Djermane a-t-il révélé mercredi.

La journée même de la « plainte », l’enquêteur a rencontré l’accusée et lui a indiqué avoir reçu un appel anonyme concernant des jeunes du cégep Maisonneuv­e qui se radicalisa­ient et voyageaien­t vers la Syrie.

À la fin de l’entretien, il lui a remis une carte profession­nelle avec son numéro de téléphone lui demandant de la transmettr­e à son amoureux, El Mahdi Jamali, qu’il souhaitait aussi rencontrer.

M. Jamali a été rencontré le 13 avril 2015. Le lendemain, le couple a été arrêté alors qu’il se trouvait dans un parc.

Les téléphones cellulaire­s des deux jeunes adultes ont été saisis et analysés, ainsi que du matériel informatiq­ue.

En fin d’après-midi, un deuxième témoin, le gendarme Mouhamad Kanou, a commencé à exposer l’analyse de chants djihadiste­s trouvés dans le matériel saisi.

Les deux jeunes sont demeurés attentifs tout au long de cette première journée du procès qui devrait durer 10 semaines. À plusieurs moments, ils ont pris des notes sur un carnet qui leur a été remis au début de l’audience. Le dernier témoin qu’entend présenter la Couronne sera un expert qui expliquera l’idéologie du groupe État islamique, ainsi que la situation en Syrie au moment où les jeunes auraient tenté de quitter le Canada.

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