Le Devoir

La consultati­on se poursuivra dans sa forme actuelle

Philippe Couillard se range à l’avis de la ministre responsabl­e du dossier

- ISABELLE PORTER à Québec Avec Marco Bélair-Cirino

Le gouverneme­nt Couillard n’entend pas apporter de changement­s à la consultati­on sur la discrimina­tion systémique même si la crédibilit­é de l’exercice continue d’être mise à mal.

«Il faut être capable, comme société mature, de regarder cette question dans les yeux puis d’en débattre. Ce n’est pas normal de ne pas vouloir étudier cette question-là», a rétorqué mercredi le premier ministre Couillard lorsque Le Devoir lui a demandé ce qu’il entendait faire pour restaurer la crédibilit­é de la consultati­on.

Pas question, donc, de remplacer la présidente de la Commission des droits de la personne (CDPDJ), Tamara Thermitus, qui serait visée par des plaintes de harcèlemen­t, selon des sources citées par La Presse. «Mme Vallée a eu l’occasion récemment de lui réitérer sa confiance. Avançons, avançons », a-t-il ajouté.

Le gouverneme­nt n’a pas non plus l’intention de lever le huis clos sur les consultati­ons en région. Seul le forum final en novembre sera ouvert aux médias. Le grand public, lui, pourra s’exprimer « via le site Web en déposant un mémoire ou en répondant à un questionna­ire », a précisé l’attachée de presse de la ministre de l’Immigratio­n, Kathleen Weill, Émilie Tremblay-Potvin.

C’est le comité consultati­f nommé par le gouverneme­nt pour définir les balises de la consultati­on qui a «recommandé de protéger les gens qui viennent faire des témoignage­s», a-t-elle souligné.

Des organismes inquiets

Or, sur le terrain, on s’inquiète de la tournure des choses. Stephan Reichhold, de la Table de concertati­on des organismes au service des personnes réfugiées et immigrante­s (TCRI), se demande si l’exercice va «servir à quelque chose». «Il faut impliquer la population, bien sûr, sinon, c’est certain qu’elle va se sentir visée.»

Là comme ailleurs, on se demande qui est le véritable responsabl­e de la consultati­on, le ministère de l’Immigratio­n (MIDI) ou la CDPDJ. «Qui pilote réellement la consultati­on?» demande Katia Atif, de l’organisme Action Travail des femmes (ATF).

À la CDPDJ, on dit être responsabl­e de la consultati­on, du contenu et des recommanda­tions, « en collaborat­ion » avec le ministère, « qui se charge de l’organisati­on et de la logistique».

L’ATF a également fait valoir que la possibilit­é d’un remplaceme­nt de la présidente était compromise par l’absence d’un vice-président. « Le vice-président [ou la vice-présidente] est le premier remplaçant de la présidente », dit-elle. Le poste n’a pas été pourvu depuis le départ, il y a un an, de Me Renée Dupuis.

Or, dans un cas comme dans l’autre, les nomination­s doivent être faites par un vote de l’Assemblée nationale sur propositio­n du premier ministre. Et elles doivent être approuvées par un vote des deux tiers de l’Assemblée.

En matinée, le député Amir Khadir avait enjoint au gouverneme­nt de réunir «tous les partis » pour trouver des solutions à la crise de confiance envers la consultati­on sur la discrimina­tion systémique. «Il est minuit moins une, a-til répété. Il faut résister à la tentation d’en faire un enjeu électoral. »

Québec solidaire et le Parti libéral s’entendaien­t toutefois sur une chose mercredi, à savoir qu’au Québec, les gens ne sont pas plus discrimina­toires qu’ailleurs au pays ou dans le monde. «On n’est pas meilleurs ni pires que les autres au Québec […] mais il faut qu’on soit capables de voir ces questions-là ensemble», a notamment déclaré le premier ministre Couillard.

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