Le Devoir

Québec veut faciliter l’accès à la naloxone

- AMÉLI PINEDA

Même si le gouverneme­nt refuse de parler de crise, Québec lancera une enquête sur les prescripti­ons d’opiacés dans la province et a aussi l’intention de rendre la naloxone, antidote qui contre les effets de surdose d’opioïdes, disponible et gratuite pour tous les citoyens.

«Il y a deux chemins qui mènent à la surdose, celui de la prescripti­on, tout à fait légale et normale d’opiacés, et celui de la contreband­e, de la drogue de rue dont on ne sait pas toujours ce qu’il y a dedans. Il faut s’attaquer à cette problémati­que par les deux voies », a fait valoir le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

Au début du mois de septembre, la Direction de la santé publique de Montréal a révélé que 12 personnes seraient décédées à la suite d’une surdose d’opioïdes dans les deux premières semaines du mois d’août seulement. Au cours de la même période, on rapportait au moins 24 cas d’intoxicati­ons où la naloxone a été administré­e.

«On se prépare à cette situation qui n’est pas encore au niveau de crise, mais qui est préoccupan­te», a souligné le ministre Barrette.

Avec le fentanyl bien présent dans la province, la disponibil­ité de la naloxone en pharmacie permettra de sauver plusieurs vies, estime la ministre des Services sociaux, Lucie Charlebois. «Ce n’est pas une question de coûts, mais une question d’épargner des vies», a-t-elle fait valoir.

M. Barrette a rappelé que les surdoses ne touchent pas seulement les toxicomane­s. Il a souligné la réalité de la surconsomm­ation provenant de la prescripti­on d’opiacés. «Les médecins de ma génération ont été entraînés à aller directemen­t vers ces médicament­s-là. […] Ce n’est pas une question de faute profession­nelle, mais bien de culture profession­nelle », a-t-il soutenu.

Le Collège des médecins a salué les mesures annoncées. «Depuis plusieurs années, on réclame un registre de prescripti­ons des opioïdes. Ce programme de surveillan­ce en temps réel permettra enfin au Collège d’intervenir en amont auprès des médecins qui présentent un profil déviant de prescripti­on de narcotique­s », a commenté son président, le Dr Charles Bernard.

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