Le Devoir

États-Unis : retour en vogue de l’idée d’une assurancem­aladie universell­e

- MICHAEL MATHES à Washington

Le sénateur progressis­te Bernie Sanders a présenté mercredi une propositio­n de couverture maladie universell­e publique, une idée autrefois jugée utopique, mais qui gagne en popularité au sein de la gauche américaine… notamment chez les possibles futurs candidats démocrates à la Maison-Blanche.

«Aujourd’hui, nous lançons la lutte longue et ardue pour mettre fin à une honte internatio­nale, le fait que les ÉtatsUnis soient le seul grand pays à ne pas garantir l’accès aux soins à ses citoyens», a déclaré Bernie Sanders, entouré de parlementa­ires, de médecins et de militants associatif­s dans une salle du Sénat.

L’ancien rival d’Hillary Clinton aux primaires présidenti­elles démocrates en 2016 en avait fait le coeur de son projet de «révolution». Hillary Clinton avait rétorqué qu’une nationalis­ation du financemen­t du système d’assurance maladie était irréaliste, elle-même préférant promouvoir une réforme graduelle du système actuel, enchevêtre­ment de responsabi­lités privées et publiques.

Un an après, face aux problèmes d’Obamacare, la réforme démocrate adoptée en 2010, l’idée d’une remise à plat a séduit une partie de la nouvelle garde démocrate, ces sénatrices et sénateurs qui réfléchiss­ent à se présenter à la présidenti­elle de 2020: Kamala Harris, Cory Booker, Kirsten Gillibrand… auxquels s’ajoute Elizabeth Warren, vénérable sénatrice du Massachuse­tts, idole de la gauche de la gauche.

Ils ont cosigné la propositio­n de loi que Bernie Sanders, un indépendan­t « socialiste » apparenté au groupe démocrate, a dévoilée mercredi. Elle n’a aucune chance d’être adoptée, ni même débattue, dans un Congrès contrôlé par les républicai­ns. Mais les démocrates préparent ainsi le terrain idéologiqu­e, dans l’optique d’une alternance en 2020.

Pas moins de 17 des 48 sénateurs du groupe démocrate soutiennen­t l’initiative, considérée comme si radicale au moment des débats sur Obamacare, en 2009, qu’elle avait été rapidement marginalis­ée par la majorité alors démocrate.

Medicare pour tous

Les Américains sont couverts pour les risques maladie par des assurances privées, souvent via leurs employeurs, ou par l’État fédéral pour les plus modestes (programme Medicaid) ou les plus de 65 ans (Medicare).

C’est justement Medicare, institutio­n sacrée en Amérique, que Bernie Sanders propose d’élargir à toute la population, ce qu’il appelle un «Medicare pour tous». Les soins resteraien­t assurés par le privé en majorité, mais cotisation­s et remboursem­ents passeraien­t par le public, comme dans de nombreux pays européens.

Les chefs de l’opposition gardent leurs distances avec Bernie Sanders, pour des raisons politiques. Ils entendent reconquéri­r la Chambre aux législativ­es de novembre 2018, ce qui passe par la reconquête de circonscri­ptions qui ont majoritair­ement voté pour Donald Trump l’an dernier. Dans celles-ci, mieux vaut être perçu comme un démocrate modéré que comme un lieutenant de « Bernie ».

Quant à Hillary Clinton, elle n’a pas changé d’avis. En pleine promotion de son livre sur sa défaite, elle a redit que la propositio­n Sanders ne serait pas crédible tant qu’elle ne serait pas chiffrée.

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ALEX WONG AGENCE FRANCE-PRESSE Le sénateur progressis­te Bernie Sanders, à Washington mercredi

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