L’Irlande du Nord se mêle à son tour de la dispute entre Bombardier et Boeing
« Ce dossier vient ajouter de l’instabilité », écrivent les chefs du Parti unioniste démocrate et du Sinn Féin
La mobilisation s’organise au Royaume-Uni, qui fait front commun avec le gouvernement canadien dans l’espoir de convaincre le constructeur américain Boeing d’abandonner sa plainte déposée contre Bombardier à propos de la CSeries.
Après un entretien téléphonique entre la première ministre britannique, Theresa May, et le président américain, Donald Trump, le 5 septembre, c’est au tour de l’Irlande du Nord d’interpeller le vice-président Mike Pence. Dans une lettre envoyée mardi au bureau de M. Pence, le Parti unioniste démocrate et le Sinn Féin — une formation nationaliste — préviennent le viceprésident que les démarches de Boeing pourraient troubler la paix sociale en Irlande du Nord. «Pour une petite économie comme la nôtre, l’importance de la contribution économique de Bombardier ne peut être mesurée», font valoir Arlene Foster et Michelle O’Neill, qui dirigent ces deux partis, dans la lettre que La Presse canadienne a pu consulter.
Bombardier est le principal employeur en Irlande du Nord
avec son usine de Belfast, où travaillent quelque 4200 personnes. C’est à cet endroit que sont notamment fabriquées les ailes des appareils CSeries.
Minoritaire au Parlement britannique, le gouvernement conservateur dirigé par Mme May bénéficie du soutien du Parti unioniste démocrate. Les signataires de la lettre estiment que les effets découlant de la plainte de Boeing pourraient menacer le fragile équilibre politique actuellement en place. «Alors que nous tentons […] de surmonter nos difficultés politiques actuelles, ce dossier vient ajouter de l’instabilité, écrivent Mmes Foster et O’Neill. En raison de cette situation délicate, nous vous demandons de tenir compte des implications qui pourraient découler des décisions à venir.»
La décision du département américain du Commerce quant à savoir si des mesures punitives seront imposées sur les ventes d’appareils CSeries au sud de la frontière est attendue le 25 septembre.
Le gouvernement Trudeau, qui tente de convaincre le géant américain établi à Chicago de faire marche arrière, a mentionné avoir entamé des discussions secrètes avec ce dernier. « Boeing n’a rien contre la concurrence, et personne ne dit que Bombardier ne peut vendre ses avions dans le monde, a indiqué un porte-parole de Boeing, Dan Curran, par courriel. Mais ces ventes doivent s’effectuer selon les règles commerciales en vigueur.»