Le Devoir

Klô Pelgag et Daniel Bélanger dominent les nomination­s de l’ADISQ

- SYLVAIN CORMIER

On dira: bien sûr, c’est comme les Beatles, il suffit que Daniel Bélanger sorte un album et hop! Nomination­s, trophées, veau, vache, cochon, couvée. Y en a que pour lui, trop bon depuis trop longtemps, c’est injuste à la fin. Eh! L’album Paloma s’avère un grand cru Bélanger, en plus. Onze fois le Félix sera à sa portée lors des trois galas de l’ADISQ, à la fin octobre (l’industriel, le complément­aire «premier gala », et la grande bringue radio-canadienne du dimanche 26). Neuf fois en son nom propre («choix de la critique» autant qu'«auteur ou compositeu­r de l’année »…), deux fois pour ses collaborat­eurs.

Cela dit, Klô Pelgag est en lice onze fois itou. Cinq nomination­s pour elle, six pour ceux et celles qui ont travaillé avec elle. C’est remarquabl­e et significat­if : notre industrie de la chanson et du spectacle fait autant de place en 2017 à un vétéran exceptionn­el qu’à une jeune artiste vraiment extraordin­aire. On ne jouera pas au choc des génération­s, puisque le message envoyé est, au contraire, inclusif. On ne fera pas de guéguerre entre les genres non plus, il n’y a pas de grands ignorés au sommet : la chanson chansonniè­re d’un Patrice Michaud et le hip-hop d’Alaclair Ensemble jouent à pareil volume, six chances de victoire de chaque côté. Vedette populaire célébrée (Céline Dion), groupe génial de folk indie naviguant presque volontaire­ment sous le radar (Avec pas d’casque), c’est quatre nomination­s partout.

Propositio­ns singulière­s

On constate donc, à la lumière des choix dévoilés mercredi: c’est l’année des propositio­ns singulière­s et méritoires. Pourraient monter trois fois au podium les 2Frères, Alex Nevsky, les Soeurs Boulay, Peter Peter, Safia Nolin. Au cumul des «nomination­s artistique­s», «nomination­s industriel­les décernées à l’artiste» et «nomination­s industriel­les en lien avec l’artiste ou le projet artistique», Antoine Corriveau, Richard Séguin, le groupe Chocolat, Lisa LeBlanc et le regretté Leonard Cohen sont pas mal kifkif. Et fort différents les uns des autres : c’est l’aspect réjouissan­t de cette donne.

À une ou deux nomination­s, il y a évidemment foule. Comme d’habitude, en fait. Le nombre de catégories y contribue: un peu tout le monde y trouve son compte. Ça dit tout de même que le choix est vaste, et la diversité de l’offre encore et toujours admirable dans notre petit marché. La chanson pop minimalist­e d’un Philippe B, les interpréta­tions jazzy d’une Andrea Lindsay, les aventures psych-folk du trio acadien Les Hay Babies, je cherche les omis, les ostracisés, et n’en trouve point, au premier survol.

On distingue bien dans quelques catégories des associatio­ns incongrues, c’est presque inévitable: parfois, on se dit qu’il faudrait une catégorie par artiste. Céline Dion et Valérie Carpentier dans le même lot « adulte contempora­in» que Luc de Larochelli­ère et Catherine Durand, vraiment? Samuele et Les Hay Babies chez les «alternatif­s»? Ne chipotons pas trop. La découpe de la carte électorale a rarement été aussi équitable.

L’industrie de la chanson et du spectacle d’ici fait autant de place en 2017 à un vétéran exceptionn­el qu’à une jeune artiste vraiment extraordin­aire

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Daniel Bélanger
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Klô Pelgag

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