Vie politique et action communautaire, même combat
Sylvie Tardif avait juré qu’elle ne ferait jamais de politique active, mais lorsque l’occasion s’est présentée en 2003, à la faveur d’une élection partielle, elle a plongé. Malgré les embûches, la politique municipale a séduit cette coordonnatrice communautaire qui s’est fait élire à trois reprises comme conseillère à Trois-Rivières.
C’est la difficulté d’obtenir une oreille attentive aux demandes du milieu communautaire qui a amené Sylvie Tardif à tenter sa chance dans l’arène politique, pour être en mesure, dit-elle, de faire bouger les choses de l’intérieur. Élue avec 76% des voix, elle est entrée à l’hôtel de ville par la grande porte et ses racines communautaires ont déteint sur sa façon de travailler.
«Je voulais faire de la politique comme de l’organisation communautaire. J’ai réussi. Je travaillais avec les citoyens. C’est ce dont je m’ennuie le plus de la politique municipale », explique-t-elle, écorchant au passage le maire Yves Lévesque, avec qui les relations étaient difficiles.
L’aventure politique a pris fin quand elle a brigué le poste de maire de Trois-Rivières. Même si elle a dû s’incliner, elle a tout de même obtenu 31 % des voix, un résultat honorable quand on sait que Denis Coderre est devenu maire de Montréal avec 31,4% des suffrages, fait-elle remarquer.
Choisir la vie politique l’a obligée à composer avec un horaire chargé puisqu’elle a continué d’occuper les fonctions de coordonnatrice à COMSEP, l’organisme d’éducation populaire qu’elle a cofondé. «Je travaillais 70 heures par semaine. Ça finit par user. Mais j’adorais ça, être conseillère municipale. C’est juste décevant que ça se soit terminé sur un échec comme candidate à la mairie. »
Elle reconnaît que la campagne à la mairie a été éprouvante, «sauvage». Les médias sociaux sont un terrain miné où circulent des abominations sans filtre. «J’ai encore des séquelles de ça. On a dit que je fraudais et que mon organisme fraudait. Ma vie privée y est passée. Ç’a été dur. Je ne suis plus sur Facebook depuis ce temps-là.» Mais elle n’a aucun regret. La politique municipale est en train de changer, mais encore faudra-t-il qu’elle s’adapte aux contraintes des jeunes qui doivent concilier leur tâche d’élu avec leur vie de famille et l’emploi qu’ils doivent souvent conserver.