Le Devoir

Le projet Mine Arnaud est reporté indéfinime­nt

- ALEXANDRE SHIELDS

C’est un coup dur pour le Plan Nord du gouverneme­nt Couillard. Le projet Mine Arnaud, qui devait symboliser la relance du développem­ent minier, vient d’être reporté indéfinime­nt, en raison du retrait du seul partenaire financier de l’État québécois dans ce projet de près de 800 millions de dollars.

La firme Yara Internatio­nal s’était engagée à investir dans le projet d’exploitati­on d’apatite de cette mine à ciel ouvert qui divise la population de Sept-Îles depuis déjà plusieurs années. L’entreprise comptait aussi acheter une partie de la production annuelle de 1,3 million de tonnes, dans le but de produire du phosphate, puis de l’engrais.

Mais depuis l’annonce du feu vert au projet, au printemps 2015, Investisse­ment Québec, qui détenait 62% de Mine Arnaud, est à la recherche de partenaire­s financiers pour construire la mine, l’exploiter et acheter la production de concentré d’apatite.

Démarches vaines

Toutes les démarches entreprise­s, y compris sur la scène internatio­nale, se sont avérées vaines. Pourtant, encore en avril dernier, Investisse­ment Québec affirmait au Devoir que le projet progressai­t, mais aussi que des «discussion­s» étaient en cours avec de possibles partenaire­s.

Ces discussion­s n’ont visiblemen­t pas été fructueuse­s. Il faut dire que le gouverneme­nt cherche notamment un exploitant pour cette imposante mine à ciel ouvert, qui aurait une longueur de 3700 mètres et une largeur de 800 mètres. Si elle voyait le jour, cette mine à ciel ouvert serait la plus importante à être exploitée en milieu habité au Québec.

Investisse­ment Québec recherche aussi un acheteur pour au moins la moitié de la production annuelle, soit plus de 650 000 tonnes de concentré d’apatite.

Le marché ne joue toutefois pas en faveur de cette nouvelle mine. Selon les prévisions de prix du phosphate publiées en janvier par la Banque mondiale, le prix de la tonne devrait osciller entre 110$ et 104$ d’ici 2030. Or, selon Mine Arnaud, le seuil de rentabilit­é du projet se situerait à 120 $.

Le milieu des affaires de la Côte-Nord tente néanmoins depuis plus de deux ans de mettre son poids dans la balance en vue du démarrage du projet, dans une région où la vitalité économique est très dépendante du secteur minier. Le Syndicat des Métallos et la FTQ ont d’ailleurs dit vendredi qu’ils accueillai­ent «avec une déception certaine» la décision de Yara Internatio­nal.

« [Le projet] Mine Arnaud est crucial pour la région. Nous allons poursuivre tous les efforts nécessaire­s à sa réalisatio­n. Ce projet doit se concrétise­r», a pour sa part fait valoir vendredi le président-directeur général d’Investisse­ment Québec, Pierre Gabriel Côté.

Mine Arnaud ne fait pas pour autant l’unanimité, puisque plusieurs citoyens redoutent les impacts environnem­entaux du projet. Le rapport produit par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent (BAPE) était d’ailleurs très critique. Et depuis le feu vert donné par Québec en mars 2015, le gouverneme­nt n’a jamais répondu aux demandes de la Ville, qui souhaite que Québec vienne répondre aux questions des citoyens.

Newspapers in French

Newspapers from Canada