Le Devoir

Québec mise sur l’immigratio­n pour son déficit de main-d’oeuvre

- MARCO BÉLAIR-CIRINO à Val-d’Or

Le Québec palliera la pénurie de main-d’oeuvre, qualifiée et «moins qualifiée», notamment grâce à des renforts de l’étranger, soutient le premier ministre, Philippe Couillard. Le gouverneme­nt libéral n’abaissera pas les seuils d’immigratio­n pour élargir son électorat à l’approche des prochaines élections générales.

«Pour parler en français clair, pour que le monde comprenne bien, on manque de monde au Québec », a lancé le chef du gouverneme­nt au terme du caucus présession­nel des élus libéraux à Vald’Or — où sévit d’ailleurs une pénurie de main-d’oeuvre.

Même s’il offre un salaire de base de 13 dollars l’heure — «c’est au-dessus du salaire minimum»,a précisé le premier ministre —, le géant de la restaurati­on rapide McDonald’s a dû fermer les portes de sa succursale de la 3e avenue faute d’employés. «C’est l’une des rançons de la prospérité. »

Le gouverneme­nt libéral compte atténuer les impacts du vieillisse­ment de la population québécoise, « probableme­nt le plus grand défi économique du Québec», en misant sur la persévéran­ce scolaire afin de tirer vers le haut la diplomatio­n des Québécois et en accueillan­t des dizaines de milliers de travailleu­rs, qualifiés ou non, par année.

«Il faut d’abord profiter davantage des Québécois qui sont chez nous», a fait valoir M. Couillard à la presse. «Il faut parler d’immigratio­n. Je sais qu’il y en a qui ne veulent plus qu’on en parle. C’est une des solutions essentiell­es. Ce n’est pas la seule solution, mais c’est une des solutions incontourn­ables. Si on veut avoir plus de monde, il faut que le monde vienne de quelque part. On peut-tu s’entendre làdessus ? » a-t-il ajouté.

Les seuils d’immigratio­n déjà fixés pour l’année en cours, c’est-à-dire 50 900 à 56 700 — dont de 38 000 à 41 000 travailleu­rs qualifiés —, sont « corrects », selon lui. « Il ne faut surtout pas les diminuer », a-t-il plaidé. Aux yeux de M. Couillard, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, poserait «un geste antiéconom­ique» en abaissant les seuils d’immigratio­n comme il le propose.

Transforma­tion du Québec

Le chef libéral s’engage dans la dernière étape de son mandat dans la « transforma­tion» du Québec, après l’avoir «restauré» au fil des trois premières années et demie de la 41e législatur­e, notamment au prix de coupes dans les programmes de l’État. Il promet notamment de participer à l’aménagemen­t d’un pôle d’innovation dans chacune des régions du Québec… dans un second mandat.

«Pourquoi transforme­r le Québec? Je le dirai très simplement: transforme­r le Québec pour améliorer le quotidien des Québécois. »

Il entend notamment octroyer «une semaine de temps libre» aux Québécois. « On va le négocier avec les entreprene­urs et la Commission des normes du travail. Je pense que c’est possible de le faire», a-t-il déclaré vendredi. D’ici là, le gouverneme­nt libéral assurera un financemen­t stable des principale­s missions de l’État, la santé et l’éducation — où il «a la capacité de faire mieux» —, tout en «continu[ant] à baisser les impôts ». «Pas par dogmatisme parce qu’on [y] est attachés de façon aveugle [mais] parce que ça fait partie des raisons pour lesquelles le Québec n’a pas toujours connu la croissance qu’il devait avoir», a fait valoir M. Couillard.

Fin de régime

« Si on veut avoir plus de monde, il faut que le monde vienne de quelque part »

Philippe Couillard a dit « trouve[r] amusant» d’être décrit par ses adversaire­s politiques comme le chef d’un gouverneme­nt en fin de régime, puisque le PLQ «a toujours réussi à se transforme­r et à innover».

Puis, il a relevé que les chefs caquiste, François Legault, et péquiste, Jean-François Lisée, ont sauté dans l’arène politique respective­ment en 1998 et en 1994. «Politiquem­ent, mes deux adversaire­s principaux viennent du siècle dernier », a-t-il lancé, pour ajouter par la suite en anglais : «M. Legault est arrivé en politique il y a 20 ans. Est-ce que c’est du changement et de la modernité ? Je ne pense pas. »

Le premier ministre a dit mot du coporte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui a fait son entrée à l’Assemblée nationale au printemps dernier. « Celuilà est vraiment jeune, mais il a encore quelques années devant lui pour gagner en expérience », a-t-il répondu à une journalist­e qui lui a signalé son omission.

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