Le Devoir

Madrid met les finances de la Catalogne sous tutelle Référendum kurde reporté ?

- MICHAELA CANCELA-KIEFFER à Madrid DANIEL BOSQUE à Barcelone

Le gouverneme­nt espagnol a annoncé vendredi un nouveau renforceme­nt du contrôle des dépenses de la Catalogne, pour éviter qu’un seul euro ne finance le référendum d’autodéterm­ination que ses dirigeants veulent organiser en dépit de son interdicti­on.

«Nous avons établi un nouveau système de

contrôle des dépenses» pour éviter qu’elles ne financent des «activités illégales» comme le référendum, a déclaré le ministre du Budget Cristobal Montoro à l’issue du Conseil des ministres.

Les dirigeants séparatist­es de Catalogne, région profondéme­nt divisée entre partisans et adversaire­s d’une sécession d’avec l’Espagne, veulent organiser un référendum le 1er octobre malgré tous les avertissem­ents de Madrid.

Pour éviter tout détourneme­nt de fonds vers l’organisati­on du scrutin, l’État versera directemen­t les salaires des fonctionna­ires, les allocation­s sociales, et le paiement des factures des fournisseu­rs des services publics, a expliqué M. Montoro.

Ce tour de vis a été décidé après que le responsabl­e de l’économie catalane, le vice-président régional Oriol Junqueras, a annoncé qu’il ne se soumettrai­t plus à un contrôle hebdomadai­re de ses dépenses, imposé par Madrid en juillet.

La décision du gouverneme­nt a coïncidé avec la diffusion d’une lettre ouverte du président régional catalan, Carles Puigdemont, d’Oriol Junqueras et de la présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, auxquels s’est jointe pour la première fois publiqueme­nt la mairesse de Barcelone Ada Colau.

S’adressant au chef du gouverneme­nt, Mariano Rajoy, et au roi Felipe VI, ils dénoncent une « répression sans précédent » de l’État contre les partisans du référendum et lancent un «appel au dialogue» pour que l’État l’autorise.

«Pas de référendum»

«Il n’y aura pas de référendum», a martelé vendredi le porte-parole du gouverneme­nt Inigo Mendez de Vigo, affirmant que le seul dialogue que veulent les indépendan­tistes porte sur l’organisati­on d’un référendum dont le gouverneme­nt et la majorité des partis d’Espagne considèren­t qu’il n’est pas permis par la Constituti­on.

«Le président du gouverneme­nt ne peut pas de son propre chef transforme­r une chose illégale en quelque chose de légal», a-t-il dit en expliquant qu’aucune négociatio­n n’était possible sur le référendum. « Le droit à la sécession n’est pas envisagé par la Constituti­on », a-t-il ajouté. Erbil — Le Parlement kurde irakien a voté vendredi sans surprise pour la tenue le 25 septembre d’un référendum d’indépendan­ce lancé par le président Massoud Barzani, qui garde toujours l’option d’un report comme le souhaite Washington. Le vote s’est tenu en l’absence de l’opposition, qui a refusé cette séance exceptionn­elle convoquée alors que le Parlement kurde ne siège plus depuis deux ans en raison de différends entre partis politiques. Pour tenter d’obtenir un report, les États-Unis et d’autres pays ont présenté à M. Barzani jeudi soir un « projet » proposant des «solutions de rechange» au référendum. Le président kurde, qui martèle que l’indépendan­ce est l’«unique» choix laissé aux Kurdes en l’absence d’un «partenaire» à Bagdad, s’est engagé à répondre «rapidement».

Le gouverneme­nt explique invariable­ment que les indépendan­tistes n’ont qu’un chemin possible: promouvoir une réforme de la Constituti­on qui permette cette consultati­on pour l’instant prohibée.

Les séparatist­es sont majoritair­es au Parlement catalan depuis 2015, mais la société catalane est divisée presque à parts égales selon les sondages. En revanche, plus de 70% des Catalans souhaitera­ient pouvoir s’exprimer par le biais d’un référendum.

Jeudi soir, ignorant les avertissem­ents, des milliers d’indépendan­tistes catalans avaient lancé avec ferveur leur campagne pour le «oui» au référendum du 1er octobre dans un rassemblem­ent.

Un message publicitai­re de campagne présentait un avenir radieux pour une Catalogne indépendan­te, enfin débarrassé­e des « injustices », des « menaces ».

S’ils arrivent à organiser le référendum et l’emportent, les séparatist­es assurent qu’ils proclamero­nt l’indépendan­ce de cette région concentran­t 16 % de la population espagnole.

La poussée de fièvre sécessionn­iste en Catalogne, territoire ayant une langue et une culture propres, a été en partie alimentée par la crise économique de 2008.

Mais pour les indépendan­tistes, le détonateur a été l’annulation partielle en 2010 par la Cour constituti­onnelle du nouveau « Statut d’autonomie de la Catalogne» qui lui accordait des compétence­s élargies et la définissai­t comme étant une «nation».

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