Le Québec à la traîne ?
Le 1er janvier 2018, les Canadiens des autres provinces auront droit à une bonification du Régime des pensions du Canada (RPC), l’équivalent de notre Régime des rentes du Québec. Le taux de remplacement maximal du revenu de travail passera de 25% à 33,3%.
Le refus de Québec d’adhérer à la nouvelle hausse des cotisations à la caisse du régime publique pourrait faire des Québécois « les retraités les plus pauvres au pays», selon le secrétaire général de la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), Serge Cadieux. À conditions et salaires égaux, deux employés de la même entreprise n’auront pas droit aux mêmes prestations une fois à la retraite en raison de leur province de résidence, explique-t-il. «Prenez deux employés de la RBC [Banque
Royale] ayant le même salaire, la même date d’embauche et de départ à la retraite, illustre-t-il. L’un se trouve à Winnipeg, l’autre à Rimouski. À ce jour, ils ont cotisé chacun le même montant à la caisse publique de retraite, mais, en raison de la bonification du régime canadien, à laquelle n’a pas adhéré le Québec, le Rimouskois recevra très exactement 2320$ de moins par an, et ce, pour le restant de ses jours.»
Le Québec à part
Une précision s’impose: le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, ne s’oppose pas
complètement à la bonification du régime, mais refuse que celle-ci s’applique aux salariés gagnant moins de 27 500$ par année, plaidant ne pas vouloir augmenter la cotisation des moins nantis.
Pour le secrétaire général de la FTQ, la véritable raison de ce refus se trouve plutôt dans le discours véhiculé par le lobby patronal, qui dit ne pas avoir les moyens de cotiser davantage, le programme étant financé à 50-50 par les employeurs et leurs employés.
supplémentaire«Les entrepriseset disentne veulentqu’il en pas va payerde mêmele 1%du côté des travailleurs, indique Serge Cadieux. Or c’est faux. On a commandé un sondage à la firme Léger Marketing en mai dernier, et 88% des répondants veulent le même régime que dans le reste du Canada, y compris la hausse de cotisation de 1% de leur part.»
Le secrétaire général de la FTQ rappelle qu’avant la bonification annoncée du RPC, le Canada était «le pays de l’OCDE où les cotisations sont les plus faibles, derrière les États-Unis». Un dossier délicat
Pour M. Cadieux, il est impossible de légitimer le fait que les Québécois obtiennent une rente plus faible que les autres Canadiens. «Imaginez si la même chose se produisait pour les prestations de l’assurance emploi, il y aurait une révolution!» lance-t-il. Il rappelle également que six travailleurs québécois sur 10 n’ont pas accès à un régime de retraite privé et doivent compter uniquement sur le programme public du RRQ. «L’épargne volontaire, ça ne fonctionne pas,
tranche-t-il. Il y a plus de 100 milliards de cotisations de REER inutilisées uniquement au Québec. Ça, ça veut dire que, lorsque les gens ne sont pas obligés, ils ne contribuent pas. »
Il s’agit d’un dossier à suivre puisque le ministre Leitão doit déposer un projet de loi cet automne, avant l’entrée en vigueur des modifications au régime canadien en janvier. En cas d’adoption d’un plan inférieur au RPC canadien, Serge Cadieux prédit une levée de boucliers de la part de la population, de même qu’un litige constitutionnel entre Québec et le gouvernement fédéral.
« Les conditions pour la création d’un régime québécois distinct en 1966 comprenaient l’obligation de maintenir un régime québécois équivalent au régime canadien », rappelle le leader syndical.