Le Devoir

Cancer du sein : 6,5 fois plus de risque

-

Des spécialist­es du cancer américains, témoins du nombre important de patients favorables aux médecins alternativ­es, ont décidé de fouiller des données nationales de santé publique pour tenter de saisir l’ampleur de ce phénomène et, surtout, son impact sur les taux de survie.

Dans une étude publiée en juillet dernier par le journal du National Cancer Institute, ces médecins de l’Université de Yale ont pu retracer dans la banque américaine de données sur le cancer pas moins de 281 patients atteints des quatre cancers les plus communs (sein, colon, poumon, prostate) ayant préféré la médecine alternativ­e aux traitement­s traditionn­els au cours de la période allant de 2003 et 2014.

Ces derniers ont comparé les taux de survie de ces patients sans métastase avec ceux de 581 autres patients, atteints des mêmes cancers aux mêmes stades, mais traités de façon traditionn­elle (chimiothér­apie, radiothéra­pie, hormonothé­rapie, etc.).

«Nous nous sommes intéressés à ce sujet après avoir vu plusieurs patients se présenter dans nos cliniques avec des cancers avancés qui étaient traités seulement avec des thérapies alternativ­es inefficace­s et non testées», a soutenu en entrevue au journal de l’Université de Yale, le Dr James Yu, professeur associé de radiologie au centre du cancer de cette université.

Après avoir compilé les taux de mortalité après 66 mois dans les deux groupes, les chercheurs ont évalué que le recours exclusif aux thérapies alternativ­es multipliai­t en général de 2,5 fois le risque de décès des patients. Dans le cas des cancers du sein, ce risque était multiplié par 6,5, et dans le cas de cancer du côlon et du poumon, il était respective­ment de 4,5 fois et 2 fois plus élevé.

Pour un cancer de la prostate par contre, un cancer à l’évolution parfois très lente, la différence entre les malades ayant reçu le traitement médical et des thérapies alternativ­es était faible.

«C’est important de noter que, lorsqu’on parle de thérapies alternativ­es pour le cancer, il y a très peu de choses connues à ce sujet — les patients prennent des décisions à l’aveuglette. Il faut approfondi­r nos connaissan­ces à propos des traitement­s qui se montrent efficaces et ceux qui ne le sont pas, pour que les patients puissent prendre des décisions éclairées», soutenait dans le même journal, le Dr Cary Gross, coauteur de l’étude.

L’étude a par ailleurs permis de révéler que les patients se tournant vers les thérapies alternativ­es étaient plus susceptibl­es d’être des femmes atteintes de cancer du sein, soit celles dont les risques de mortalité augmentent le plus en cas de refus des traitement­s traditionn­els. Ce groupe de patients comportait aussi plus de gens jeunes, peu affectés par d’autres maladies, plus éduqués que la moyenne, et plus de gens vivant sur la côte ouest américaine.

Newspapers in French

Newspapers from Canada