Le Devoir

Hausse des signalemen­ts d’enfants exposés à la violence conjugale

- AMÉLI PINEDA

Le nombre de signalemen­ts pour un enfant exposé à la violence conjugale et aux conflits sévères de séparation a grimpé de 9% au Québec depuis l’an dernier, a révélé mardi le Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ).

«Il fut un temps où [la violence conjugale] c’était l’affaire des voisins et on ne s’en mêlait pas. Ce qu’on observe, c’est qu’aujourd’hui comme société, on tolère de moins en moins la violence et on réagit de plus en plus», souligne Michelle Dionne, directrice au DPJ, qui a présenté le bilan provincial annuel des DPJ.

Tandis que la semaine dernière le Québec a assisté à un drame impliquant un jeune enfant enlevé par Ugo Fredette, qui a finalement été accusé du meurtre de sa conjointe, Mme Dionne rappelle qu’un signalemen­t peut sauver une vie.

«C’est certain que ça demande un certain courage de faire un signalemen­t, et parfois les gens ne le trouvent pas. Quelqu’un est témoin d’un petit bout de l’histoire, un autre d’un autre petit bout, mais personne n’a de por trait complet. Ce qu’il faut comprendre, c’est que pour nous, un signalemen­t, même d’un petit bout d’histoire, est important, parce que si ça fait trois petits bouts qu’on nous rapporte, ça nous donne un signal», indique Mme Dionne.

La directrice rappelle qu’un signalemen­t ne doit pas être perçu comme une dénonciati­on, mais plutôt comme une protection.

«Le but d’un signalemen­t, c’est de protéger et de sauver la vie d’un enfant et aussi celle d’un adulte. Il ne faut pas se rassurer en se disant que ça va passer ou que ce n’est pas si grave, parce que ce sont des situations où un drame est potentiel et on ne sait jamais comment ça peut évoluer », insiste-t-elle.

En 2016-2017, le DPJ a traité en moyenne 250 signalemen­ts par jour au Québec, soit une hausse de 4% par rapport à l’année précédente. Des 91 191 signalemen­ts reçus, il en a retenu 36 002.

L’augmentati­on la plus importante a été observée pour les cas de mauvais traitement­s psychologi­ques, qui constituen­t près de 17% des signalemen­ts retenus, soit 9% de plus qu’en 2015-2016.

Cette catégorie regroupe notamment les jeunes qui voient un parent recevoir des coups ou se faire menacer ou ceux qui entendent des cris, des insultes ou même le son d’objets lancés et brisés lorsque ses parents se disputent.

« L’an dernier, nous avons fait beaucoup de sensibilis­ation sur les mauvais traitement­s psychologi­ques, alors nous estimons que cette importante hausse est due à cette sensibilis­ation », explique Assunta Gallo directrice provincial­e au DPJ.

Ados sous la loupe

Le DSP a profité de son bilan annuel pour annoncer qu’il compte sensibilis­er les Québécois aux réalités des adolescent­s, alors que l’année 2016 avait été marquée par une vague de fugues au Centre jeunesse de Laval.

«Lorsqu’on regarde l’actualité qui concerne les adolescent­s, c’est souvent de l’actualité qui les présente sous un jour négatif. On va parler des fugues, de délinquanc­e, de grabuge et de l’exploitati­on sexuelle, et ce qu’on souhaite, c’est que les gens se rappellent que l’adolescenc­e, c’est une période exigeante à la base, alors d’être plus sensible à ceux qui ont des difficulté­s», dit Mme Dionne.

Le DPJ a assuré que la situation s’est depuis améliorée. Le nombre de fugues à Laval a diminué de plus de 50% depuis. À la suite de la « crise », une révision des plans de sortie des jeunes avait entre autres été effectuée. Un plan d’action doit d’ailleurs être déposé par Québec dans les prochains mois, a souligné le DPJ.

« Une fugue, ce sera toujours une fugue de trop, mais il faut aussi faire attention à ne pas dramatiser chacune des fugues. Il y a une grande proportion des fugues qui sont de courte durée et les jeunes vont revenir par eux-mêmes et notre but ce n’est pas de les punir, mais bien de les accueillir, notre rôle c’est de les aider et lorsqu’un jeune revient, il a fait par luimême des constats», souligne Mme Dionne.

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR «Pour nous, un signalemen­t, même d’un petit bout d’histoire, est important», a indiqué Michelle Dionne, directrice au DPJ.

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