Le Devoir

Les jeunes Québécoise­s plus sensibilis­ées à l’importance des tests de détection des ITSS

- MARIE-LISE ROUSSEAU

Les femmes âgées de 17 à 29 ans sont deux fois plus nombreuses (57%) que les hommes du même âge (26%) à avoir déjà passé un test de détection des infections transmissi­bles sexuelleme­nt et par le sang (ITSS), révèle une enquête menée auprès de quelque 3400 jeunes Québécois publiée mardi.

«On dit toujours aux filles “Soyez responsabl­es”. Est-ce qu’on ne devrait pas le dire davantage aux garçons?» questionne le sociologue de la sexualité Michel Dorais à la lumière de ces données.

La perception d’être à risque d’attraper une ITSS demeure par ailleurs très faible chez les jeunes de la province, malgré la hausse de nouveaux cas. Elle varie entre 1,6 et 3,8 sur une échelle de 10, mentionne l’étude baptisée PIXEL, qui a été menée en 2014 par l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ).

Cette enquête a été commandée par le ministère de la Santé et des Services sociaux dans la foulée de la publicatio­n du rapport du directeur national de santé publique sur les ITSS, qui mentionnai­t notamment que les cas déclarés de gonorrhée et de chlamydios­e génitale ont augmenté respective­ment de 90% et de 41% entre 2010 et 2015 au Québec.

L’étude PIXEL révèle également que seulement le quart des répondants ont utilisé une double protection, soit l’usage d’un contracept­if régulier et d’un condom. Aussi, un peu plus d’une femme sexuelleme­nt active sur cinq a utilisé la contracept­ion orale d’urgence dans les douze derniers mois.

Ces données gagneraien­t à changer, souligne M. Morais. Selon lui, il faut mieux informer et sensibilis­er les jeunes, ce qui passe inévitable­ment par l’éducation sexuelle, qui effectue actuelleme­nt un retour progressif dans les classes du Québec. « Ça prend de la prévention à l’adolescenc­e, c’est primordial », soutient-il.

Les résultats de l’étude devraient d’ailleurs servir à alimenter le programme d’éducation sexuelle, suggère le professeur à l’Université Laval.

Portrait d’ensemble

L’étude PIXEL a pour objectif de dresser un portrait détaillé de la santé sexuelle des jeunes adultes du Québec. Selon M. Dorais, elle remplit sa mission. «Ça nous donne une très bonne photograph­ie de ce que les jeunes font», dit-il.

Et que font-ils, au fait? En vrac, un sur vingt a eu une première relation sexuelle avant l’âge de 14 ans. Avant 17 ans, cette proportion augmente à 50% pour les femmes et à 40% chez les hommes. Les relations sexuelles avec un ou une partenaire du même sexe sont plus fréquentes chez les femmes, et les hommes sont plus nombreux à avoir un «partenaire d’un soir». Par ailleurs, quatre jeunes sexuelleme­nt actifs sur cinq ont eu un «partenaire de couple» au cours de la dernière année.

«Rien de nouveau sous le soleil», commente Michel Dorais, qui souligne que ces chiffres changent peu depuis les années 1960. L’enquête menée par l’INSPQ permet néanmoins de confirmer certaines suppositio­ns et de déconstrui­re quelques mythes, soutient le sociologue. «Chaque génération trouve que la génération qui la suit est terrible. On voit en lisant l’enquête que celleci n’est ni mieux ni pire que les précédente­s. »

Parmi les autres résultats, notons que les jeunes attribuent une note de 7 sur 10 à leur bienêtre sexuel des 12 derniers mois. « La grande majorité des jeunes adultes rapportent avoir ressenti du plaisir et peu de regret lors de leur dernière relation sexuelle», est-il écrit dans l’étude.

Une statistiqu­e assombrie par le fait qu’une femme sur trois ayant participé à l’enquête dit avoir été victime d’agression sexuelle, ce qui correspond aux chiffres officiels. Chez les hommes, cette proportion s’élève à un sur dix.

« [Cette génération] n’est ni mieux ni pire que les précédente­s»

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