Le Devoir

Tentative de la dernière chance pour détricoter «Obamacare»

-

Washington — Humiliés cet été par l’échec de l’abrogation de la loi emblématiq­ue sur la couverture maladie de Barack Obama, l’Obamacare, les républicai­ns du Congrès américain tentaient mardi de relancer un projet de réforme, mais le compte des voix n’y était toujours pas.

Le président Donald Trump soutient de tout son poids cette initiative de la dernière chance.

Il a dépêché au Capitole son vice-président, Mike Pence, pour tenter de rassembler le groupe républicai­n du Sénat, où trois défections (sur 52) avaient suffi à faire échouer la précédente mouture, en juillet.

«C’est maintenant ou jamais. Il reste 12 jours», a expliqué Mike Pence dans l’avion qui l’emmenait de New York, où il se trouvait pour l’Assemblée générale de l’ONU, à Washington.

En raison de contrainte­s procédural­es, le Sénat a jusqu’à la fin du mois pour adopter toute réforme de l’Obamacare avec une majorité simple, et non la majorité qualifiée de trois cinquièmes qui est habituelle­ment la barre à atteindre dans la chambre haute du Congrès. Les républicai­ns n’ont que 52 sièges sur 100 ; le groupe démocrate compte 48 membres.

«C’est notre dernière chance de freiner la marche vers le socialisme», a argué l’un des auteurs du projet, Lindsey Graham.

La propositio­n de loi remplacera­it une partie de l’Obamacare par des réformes d’inspiratio­n conservatr­ice. Elle transférer­ait aux États et à leurs gouverneur­s les crédits actuelleme­nt gérés par l’État fédéral, en leur donnant une grande latitude pour déréglemen­ter le marché des assurances maladie, et notamment réduire le niveau minimal de couverture aujourd’hui garanti dans la loi. L’obligation individuel­le de s’assurer et l’obligation pour les employeurs de proposer une assurance à leurs salariés seraient supprimées.

Méfiance et indécis

Mais une poignée de sénateurs républicai­ns modérés restaient méfiants mardi, et officielle­ment indécis. Ils craignent une déréglemen­tation massive, une réduction progressiv­e des crédits publics pour le système de santé, et in fine une perte de couverture pour des dizaines, voire des dizaines de millions d’Américains. John McCain, l’un des trois «non» de la fois précédente, n’a pas encore dit ce qu’il voterait, mais il s’est publiqueme­nt plaint de la précipitat­ion de ses collègues. Le nouveau texte n’a fait l’objet d’aucune audition ni d’aucun chiffrage officiel. Une étude du Bureau du budget du Congrès (CBO) devrait être publiée d’ici lundi.

Aux doutes des modérés s’ajoute l’opposition d’au moins un ultraconse­r vateur, le sénateur Rand Paul, qui estime que la loi ne va pas assez loin dans l’abrogation d’Obamacare.

Les démocrates, eux, martèlent que la nouvelle mouture de «Trumpcare» est «encore plus méchante» que la précédente. En particulie­r pour le programme de couverture publique pour les plus modestes, Medicaid, dont les dépenses seraient plafonnées et donc réduites. «Cette réforme marquerait la fin d’une ère pour Medicaid et laisserait les gouverneur­s faire le sale boulot », a tonné Chuck Schumer, le chef de la minorité démocrate.

Si le Sénat adopte la réforme, il faudra que la Chambre l’approuve ensuite, ce qui ne serait qu’une formalité, selon Lindsey Graham, qui dit avoir obtenu des garanties en ce sens du président de la Chambre, Paul Ryan.

Une poignée de sénateurs républicai­ns modérés restaient méfiants mardi, et of ficielleme­nt indécis

Newspapers in French

Newspapers from Canada