Le Devoir

Pascale Project dans l’avenir

La RedBull Music Academy est de retour à Montréal et plusieurs talents de demain participen­t au « Bass Camp »

- PHILIPPE RENAUD

L’opération n’a pas tout à fait l’ampleur qu’elle avait prise l’an dernier, mais le retour de la RedBull Music Academy à Montréal est néanmoins remarquabl­e. Jusqu’à dimanche, une dizaine de jeunes musiciens — parmi lesquels l’auteure-compositri­ceinterprè­te et productric­e house montréalai­se Pascale Project — seront pris en charge par l’Académie le temps d’un Bass Camp, troisième du nom à se tenir ici.

Formations, rencontres avec créateurs établis, accès aux studios d’enregistre­ment aménagés spécialeme­nt pour le «camp de basses» au Centre Phi et, pour le public, quatre soirées thématique­s autour des musiques électroniq­ues et hip-hop.

«Ça, c’est l’un des meilleurs compliment­s que l’on peut me faire », s’emballe Pascale Project, attrapée en coup de vent quelques heures avant de se rendre à l’hôtel où l’Académie la logera cette fin de semaine. «C’est celui aussi qu’on me fait le plus souvent. Les gens qui me connaissen­t et me voient jouer en spectacle me le disent: ta musique te représente tellement ! C’est un beau compliment parce que ça veut dire que ta musique est sincère. Que ça sort naturellem­ent, sans forcer. Je n’essaie pas de faire quelque chose d’autre que ce qui sort de ma tête», ajoute-t-elle en ricanant.

Toujours la même

Pascale au téléphone, Pascale derrière les platines — elle a été DJ lors de la soirée Arbutus Records la semaine dernière, à POP Montréal —, Pascale sur disque, même candeur, même pétillemen­t. Batteuse de formation (elle a notamment joué dans l’orchestre de Karneef), Pascale Mercier a d’abord fait sa marque en duo avec le projet Mathématiq­ues, avant de se lancer en solo.

Un premier album de Pascale Project, Just Feel Good for a Moment, fait de manière autodidact­e, paraît en 2015. En avril dernier, c’est l’inclassabl­e étiquette américaine Noumenal Loom qui lançait son succulent EP 7AM. Son évolution de l’électro-pop dansante au house est frappante, mais l’espiègleri­e qui s’en dégage est intacte. De bons grooves qui font sourire, et danser, parce que «j’aime danser, j’aime faire le party. J’ai envie de faire de la musique qui me ferait danser si je l’entendais dans une fête ».

Ses grooves ont quelque chose d’instantané­ment familier, rappelant quelque part la pop dansante de New Order, l’expressif house new-yorkais et le deep house des années 1990 par le clinquant de ses percussion­s, son amour des mélodies sucrées et la couleur de ses synthétise­urs.

Or, les étiquettes et les comparaiso­ns, Pascale s’en balance pas mal — s’il fallait en mettre une à sa musique, il faudrait l’appeler «lo-fi house», microgenre très tendance qui change de nom à peu près chaque année (outsider house? blog house?). « Ces genres-là, je ne tiens pas tellement à m’y coller, laisse-t-elle échapper. C’est une mode, ces genres vont se faire oublier tellement rapidement…»

Sortir en groupe

Du Bass Camp, elle espère simplement repartir avec de nouvelles idées trouvées au contact de ses collègues. «Je suis tellement habituée de travailler en solo, tout le processus de création et d’enregistre­ment, je fais toujours ça seule. Je crois que le camp sera une bonne occasion de pouvoir travailler en groupe, de composer avec d’autres artistes, surtout de voir comment ils travaillen­t, pour développer des trucs. Quatre ou cinq jours, ce n’est pas très long, mais ce sera motivant.»

Six autres musiciens issus de Montréal ont également été invités à prendre part à ce Bass Camp: Ouri, Valeda, Jesse Futerman, Mind Bath, Ouri, le rappeur CJ Flemming et Gene Tellem. Du hip-hop au techno, en passant par la chanson électro expériment­ale, plusieurs univers musicaux entreront en collision au Centre Phi.

Le public, lui, est convié dès ce jeudi soir à l’événement Temple damné, présenté comme « une exploratio­n de la musique extrême, passant de la musique noise, drone et techno industriel­le au métal undergroun­d» mettant en vedette le projet drone local Nadja, l’expériment­aliste TRNSGNDR/VHS de Baltimore et le vétéran duo électroniq­ue/industriel canadien Orphx. Vendredi soir, le collectif local Moonshine dresse le menu d’une soirée des plus alléchante­s, avec le vétéran rappeur new-yorkais Le1f, l’excellent DJ Marfox originaire de Lisbonne et Pierre Kwenders. Samedi, le centre de diffusion Never Apart sera l’hôte d’un marathon techno de 13 heures, mais c’est dans le calme que se terminera cette fin de semaine de la RedBull Music Academy, avec une prestation du chanteur néo-r & b torontois Rhye au National.

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FATINE-VIOLETTE SABIRI Les étiquettes et les comparaiso­ns, Pascale s’en balance pas mal.

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