Le Devoir

Le resserreme­nt des règles hypothécai­res pèsera sur la croissance

Le Conference Board s’attend à un ralentisse­ment au deuxième trismestre devant s’étendre à 2018

- GÉRARD BÉRUBÉ

Le rythme de croissance de l’économie canadienne va décélérer au deuxième semestre et en 2018. L’endettemen­t record des ménages et le resserreme­nt des règles hypothécai­res vont se faire sentir.

Dans sa révision automnale, le Conference Board parle de l’actuelle vigueur de l’économie canadienne, qui devrait terminer l’année avec une progressio­n de 3,1 % de son PIB. Cette cible ronflante masque toutefois une évolution en deux temps, la progressio­n musclée du premier semestre pouvant difficilem­ent persister. L’institutio­n s’attend à un ralentisse­ment au deuxième semestre devant s’étendre à 2018.

Le Conference Board retient que l’économie canadienne a créé 219 100 emplois à ce jour cette année, dont 140 200 à temps plein. L’emploi devrait croître de 1,5% en 2017 pour afficher sa plus forte augmentati­on annuelle depuis 2007.

En hausse de 4,5 % en rythme annuel au premier semestre, les dépenses de consommati­on, soutenues par cette vigueur du marché du travail, ont alimenté la croissance au premier semestre. La rémunérati­on n’ayant pas suivi, avec une augmentati­on attendue de seulement 1,4% cette année, l’endettemen­t des ménages a établi un nouveau record. Ce faisant, le Conference Board prévoit que la progressio­n des dépenses de consommati­on se rapprocher­a de celle du PIB pour atteindre 2,2% en 2018, plombées également par une décélérati­on prévue de la poussée des prix immobilier­s.

Les investisse­ments des entreprise­s vont toutefois contribuer à la croissance en 2017, après un recul de 19,2% au cours des deux dernières années. Pour leur part, les exportatio­ns devraient croître de 2,3% cette année, alimentées essentiell­ement par le secteur énergétiqu­e, un rythme devant cependant être altéré par la récente montée du dollar canadien par rapport à sa contrepart­ie américaine.

L’économie canadienne est appelée à évoluer à sa pleine capacité d’ici à la fin de 2017, justifiant ainsi une troisième hausse du taux directeur de la Banque du Canada sur l’horizon. Elle devrait ensuite prendre une pause, pour revenir avec un nouveau resserreme­nt plus tard en 2018.

Immobilier résidentie­l

Dans la foulée, le Conference Board ajoute qu’en 2018, la croissance du PIB sera ramenée à 2 %, une cible qui reflète la progressio­n moindre des dépenses de consommati­on et un recul dans l’investisse­ment immobilier résidentie­l.

Mardi, dans une entrevue au Globe and Mail, Paul Taylor, président de Profession­nels hypothécai­res Canada, a estimé que les nouvelles règles hypothécai­res, combinées à la hausse des taux, auront pour effet de réduire de 15% annuelleme­nt le volume des ventes résidentie­lles au Canada, plus d’acheteurs éprouvant des difficulté­s à se qualifier pour un prêt.

L’Associatio­n représenta­nt les courtiers hypothécai­res parle d’une diminution annuelle du volume de l’ordre de 50 000 à 75 000 propriétés vendues. Les acheteurs vont également demander une hypothèque moindre et rechercher des résidences moins dispendieu­ses, ajoute Paul Taylor.

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