Le Devoir

La diversité sur les écrans québécois : conversati­on sans fin

- ROBINE KASEKA

Sterling K. Brown, Donald Glover, Riz Ahmed, Aziz Ansari, Lena Waithe ont remporté des Emmys la semaine dernière dans les catégories du meilleur acteur, du meilleur scénariste et du meileur réalisateu­r. Ils sont issus de la diversité. Tout le monde s’en réjouit. Il y a de l’espoir. Et c’est avec fierté qu’on peut dire la même chose du Gala des prix Gémeaux! (Son de criquets.)

Depuis 2014, beaucoup d’articles sur le sujet ont été publiés. Dommage qu’on en parle encore aujourd’hui. (Roulement des yeux.) Bon, commençons par le début. Être acteur au Québec n’est pas chose facile. Tous les finissants des écoles se mesurent au même défi: gagner son pain en tant que comédien. Hmm.

La chanson à répondre des producteur­s et gens influents de l’industrie, on la connaît: le Québec est un petit marché. On doit s’assurer d’offrir au public des produits qui vont plaire et être rentables. Pour cela, il faut engager des comédiens, scénariste­s, réalisateu­rs qui sont connus, voire populaires auprès du public, qui se ruera devant la télé et au cinéma pour regarder leurs stars chouchoute­s. Business is business. Et on fait quoi des nouveaux artistes? Chacun son tour, chacun sa chance. Les nouveaux vont bûcher et surtout travailler à se développer un réseau jusqu’à ce qu’un producteur leur donne leur chance. Si un nouveau est talentueux (évidemment), charismati­que (c’est obligé) et qu’il gère ses réseaux sociaux avec brio (optionnel, mais fortement recommandé de nos jours pour la visibilité), il sera au summum. Jusqu’au prochain. Ça, c’est ce qui attend les finissants des écoles de théâtre.

Lueur d’espoir?

Et quand on est racisé (je déteste ce terme, mais bon), qu’est-ce qu’il se passe? Il faut redoubler d’ardeur parce que les rôles disponible­s ne correspond­ent pas à notre casting.

Lueur d’espoir à l’horizon! Les organismes comme Diversité artistique Montréal ou le Black Theater Workshop organisent des programmes qui existent depuis environ trois ans, qui mettent en avant les comédiens de la diversité. Lorsqu’ils sont sélectionn­és, des cours et des ateliers leur sont offerts et ils participen­t même à des auditions devant des directeurs de casting et des gens influents de l’industrie. Et voilà, la cause est sauvée! Résultat? (Son de criquets avec quelques applaudiss­ements.) Je vous fais confiance, car je sais que vous pouvez nommer des exemples significat­ifs dignes des Olivia Pope dans Scandal ou Dev dans Master of None. (I can’t wait to read your answers!)

Alors, producteur­s, vous attendez quoi ? Par pitié, ne me dites pas qu’il n’y a pas d’acteurs, de scénariste­s de la diversité. Ils sont présents. Comme ceux nommés plus haut, il y a des organismes qui ont un bottin plein d’artistes (roulement des yeux) racisés. Producteur­s, vous avez un pouvoir immense : influencer votre public, lui offrir les meilleurs produits possibles. Il va s’adapter. Croire le contraire, c’est prendre son auditoire pour un idiot. Public, tu n’es pas idiot quand même? Et puis, toi qui es à la recherche d’expérience­s enrichissa­ntes, tu sais qu’il n’y a rien de plus fort que la mixité, parce que c’est stimulant.

J’espère que ce genre de texte sera le dernier. Aie! Utopie. Tant qu’il n’y aura pas de changement­s significat­ifs, des textes comme celui-ci, constructi­fs bien sûr, seront écrits.

En attendant, je vais boire une bonne tasse de thé et continuer de regarder avec admiration la télé américaine et britanniqu­e. #SorryNotSo­rry #ViveLeQueb­ecModerne

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