Le Devoir

La cimenterie McInnis est persuadée qu’elle va trouver des clients pour toute sa production

La pollution générée par cette usine est assurément « un enjeu », reconnaît le premier ministre Couillard

- ALEXANDRE SHIELDS

La cimenterie McInnis, construite grâce à des investisse­ments de plus de 1,5 milliard de dollars, dit être sur la bonne voie pour la mise en marché de sa production. L’entreprise refuse toutefois de confirmer si elle a des ententes formelles avec des clients pour l’achat de la totalité du ciment qu’elle produit à ses installati­ons de Port-Daniel, en Gaspésie.

Selon ce qu’a précisé au Devoir la directrice des communicat­ions, Maryse Tremblay, la cimenterie inaugurée lundi en présence du premier ministre Philippe Couillard doit atteindre sa capacité de production annuelle de 2,2 millions de tonnes d’ici 18 à 24 mois.

«Actuelleme­nt, l’usine tourne à environ 75 % de sa capacité et le produit fabriqué est vendu à nos clients. La croissance de nos ventes depuis le début de notre commercial­isation dépasse nos prévisions», a simplement répondu Mme Tremblay.

L’entreprise dit travailler au développem­ent de son réseau de terminaux, afin d’approvisio­nner de futurs acheteurs de ciment. Du côté américain, un terminal situé à Providence est déjà en place, tandis qu’un autre dans le Bronx, à New York, « est actuelleme­nt en constructi­on». Au Canada, un terminal est situé au sud de Montréal et un autre à Oshawa. D’autres projets doivent permettre de desservir les marchés des provinces de l’Atlantique.

«Buy America»

Par ailleurs, contrairem­ent à ce qui avait été avancé au moment du développem­ent du projet, Ciment McInnis ne cible pas en priorité l’exportatio­n de sa production vers les États-Unis. «Nos marchés sont répartis des deux côtés de la frontière: Québec, Ontario, Atlantique et le nord-est des ÉtatsUnis, a expliqué Mme Tremblay. Notre production est répartie assez équitablem­ent entre les deux pays, potentiell­ement un peu plus du côté américain. »

Ciment McInnis ne craint pas pour autant les mesures protection­nistes américaine­s, dont le «Buy America». «Il s’agit d’une mesure protection­niste beaucoup plus large, qui ne vise pas McInnis directemen­t et qui ne poserait aucun problème à notre plan d’affaires si elle entrait en vigueur », selon ce qu’a indiqué Mme Tremblay.

En interpella­nt Philippe Couillard au cours de la période des questions à l’Assemblée nationale mardi, la députée de Québec solidaire Manon Massé a par ailleurs dénoncé les «risques» financiers du projet, mais aussi ses impacts environnem­entaux. «Tout comme l’exploitati­on pétrolière sur Anticosti,

«La cimenterie s’additionne aux projets financés par les fonds publics au détriment de l’environnem­ent Manon Massé

la cimenterie s’additionne aux projets financés par les fonds publics au détriment de l’environnem­ent et de nos régions », a-t-elle soutenu.

M. Couillard a répliqué que la cimenterie est accueillie «avec enthousias­me par les travailleu­rs et la population de la Gaspésie », ajoutant que les perspectiv­es économique­s de l’usine lui semblent favorables.

Le premier ministre a toutefois reconnu que la question des émissions de gaz à effet de serre est assurément « un enjeu » pour la cimenterie, qui sera le plus gros pollueur industriel du Québec. Ces émissions, évaluées à 1,76 million de tonnes annuelleme­nt, équivalent à l’ajout de plus de 510 000 véhicules sur les routes du Québec.

Newspapers in French

Newspapers from Canada